jeudi 9 décembre 2010

Des magistrats bordelais s'inquiètent du traitement de l'affaire Bettencourt

Des magistrats bordelais ont exprimé mardi leur inquiétude sur le traitement des procédures judiciaires visant l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, qui ont été transférées dans leur ville. Ils demandent à leur hiérarchie la tenue d'une assemblée générale extraordinaire sur le sujet, a dit, jeudi, Olivier Joulin, vice-président du tribunal et représentant du Syndicat de la magistrature (classé à gauche). Le tribunal de Bordeaux a été choisi le mois dernier pour reprendre la conduite de ces dossiers sensibles politiquement, jusqu'ici traités à Nanterre (Hauts-de-Seine).


Olivier Joulin affirme par ailleurs qu'un magistrat actuellement en poste au ministère de la Justice, qu'il ne nomme pas, pourrait être désigné vice-procureur à Bordeaux, où il serait, selon lui, chargé du dossier, ce qu'il juge potentiellement problématique. "C'est une réflexion sur le fait que cette affaire doit être traitée dans un climat serein et que rien ne doit laisser la place au moindre soupçon", a dit Olivier Joulin. L'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) ne s'est pas associée dans l'immédiat à cette démarche syndicale, a dit son représentant local.


"Surcharge de travail"




Le ministère de la Justice, Michel Richard, a déclaré qu'un projet global de renforcement des effectifs de la magistrature bordelaise était en préparation. "Le dépaysement de l'affaire va entraîner une surcharge de travail, c'est un moyen d'y faire face. Mais l'attribution du dossier à un juge d'instruction et le suivi au parquet relèvent de la juridiction", a dit un porte-parole.


À la suite d'une querelle publique entre magistrats de Nanterre (Hauts-de-Seine), la Cour de cassation a confié, le 17 novembre, à Bordeaux la totalité des procédures judiciaires liées à Liliane Bettencourt. Pour des raisons techniques, les dossiers ne sont pas encore parvenus à Bordeaux pour l'instant. Les poursuites pour abus de faiblesse engagées par Françoise Meyers, fille de la milliardaire, contre l'artiste François-Marie Banier, le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre et l'avocat Fabrice Goguel devraient être abandonnées à la suite d'un accord familial annoncé lundi.


Demeure une information judiciaire pour notamment "trafic d'influence et financement illégal de parti politique" concernant l'ancien ministre du Travail Éric Woerth. Cette procédure, qui sera conduite non par le parquet mais par un juge d'instruction indépendant, vise la Légion d'honneur remise à Patrice de Maistre par Éric Woerth lorsqu'il était ministre du Budget, en 2008, après l'embauche de l'épouse d'Éric Woerth, fin 2007, par le gestionnaire de fortune. Il est aussi question de "financement illégal de parti politique ou de campagne électorale" présumé, Patrice de Maistre étant accusé par un témoin d'avoir apporté 150.000 euros en espèces provenant de la fortune Bettencourt dans les caisses de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007.


http://www.lepoint.fr/societe/des-magistrats-bordelais-s-inquietent-du-traitement-de-l-affaire-bettencourt-09-12-2010-1273125_23.php

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