jeudi 5 août 2010

Harcèlement moral : la CGT des sapeurs pompiers de Moselle porte plainte

Un préavis de grève le 12 juillet et des alertes répétées, affirme-t-elle, n'y ont rien changé. Cette fois, pour faire réagir la direction des sapeurs-pompiers de Moselle, la CGT a choisi la voie judiciaire. Jean-Philippe Parella, secrétaire général du syndicat au Service départemental d'incendie et de secours (SDIS) de Moselle a porté plainte mercredi contre le président du conseil d'administration du service pour "mise en danger de la vie d'autrui" et "non-assistance à personne en danger". Et pour cause : les tentatives de suicide et plaintes pour "harcèlement moral" se sont multipliés depuis un peu plus d'un an. La tentative de suicide d'une pharmacienne des sapeurs-pompiers mosellans, la semaine dernière, est venue s'ajouter à celle de deux femmes en mars 2009 et en juin 2010, cette-dernière sur son lieu de travail. En octobre, cinq agents, dont deux des personnes ayant attenté à leurs jours, avaient porté plainte contre une responsable administrative et financière du SDIS pour "harcèlement moral". "Les filles recevaient des brimades, elles n'avaient pas droit de porter des strings ni des pantalons blancs. On allait fouiller dans leur vie privée quand elles prenaient un congé maladie", raconte le cégétiste. "Elles ont porté plainte contre une personne, mais il s'avère que toute la direction du SDIS est comme ça", affirme le responsable syndical. "C'est un management par la terreur, et les gens craquent."


Pour le cégétiste, la cause du malaise est à chercher dans le fossé toujours plus grand entre sapeurs-pompiers professionnels et fonctionnaires, amenés à travailler ensemble dans les services administratifs. Et beaucoup de femmes exerçant dans l'administration supporteraient mal d'être placées sous les ordres de chefs de services officiers. " Les officiers se prennent pour des cadors, ils sont autoritaires, profèrent brimades et insultes, explique Jean-Philippe Parella. Nous, les opérationnels dans les centres de secours, quand ça arrive, on se rebelle. Les femmes sont moins armées pour le faire." Bruno Lebel, secrétaire national du collectif des SDIS de France dénonce lui "une organisation hiérarchique paramilitaire", que " les personnels administratifs payent cher". Une explication au comportement des officiers serait leur frustation d'être confinés à l'administratif quand ils voudraient être sur le terrain, selon le leader syndical.

Audit sur le fonctionnement du centre


"Nous sommes le centre départemental qui possède le plus de pompiers volontaires de France. Si on les terrorisait, ça ne serait pas le cas", se défend Jean-Marc Tarrillion, adjoint au directeur départemental du SDIS de Moselle, qui juge "exagérés" les propos de la CGT. La direction soutient avoir reçu le syndicat depuis le début de la crise, ce que l'organisation récuse. Elle affirme avoir écarté les plaignantes de la personne accusée de harcèlement dès le signalement des tensions existantes, l'année dernière. Certaines d'entres elles, affirme la direction, ont été mutées dans d'autres services après le dépôt de leur plainte. Mais, pour ne pas "déstabiliser les services, il faut attendre, pour qu'elles le soient toutes, que des places se libèrent ailleurs." Insuffisant pour la CGT, qui souhaiterait que la personne soupçonnée d'harcèlement soit mutée. "Il faut respecter la présomption d'innocence, rétorque Jean-Marc Tarrillion. La justice se charge de déterminer les responsabilités". La direction promet aussi la tenue d'un comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail "le 14 septembre prochain" . "Ils le font juste parce qu'on a porté plainte. Ca fait trois ans qu'on la demande. C'est trop tard ", s'insurge le cégétiste. Un audit devrait alors remettre un rapport sur le fonctionnement du centre. "Pour se donner bonne conscience", conclut Jean-Philippe Parella.
http://lci.tf1.fr/france/justice/2010-08/harcelement-moral-la-cgt-des-sapeurs-pompiers-de-moselle-porte-6029885.html

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