mercredi 19 janvier 2011

Angolagate : retour de l'affaire devant la justice

Une vente d'armes doublée d'un imbroglio politico-financier, sur fond de pétrole et de diplomatie parallèle : telle est la trame du procès dit de l'Angolagate qui revient à compter de mercredi devant la cour d'appel de Paris. Le procès est prévu jusqu'au 2 mars, à raison de trois jours d'audience par semaine. En 2008-2009, le tribunal correctionnel avait mis cinq mois à démêler cette affaire qui indispose le régime angolais et embarrasse le pouvoir français. Il y avait alors 42 prévenus, poursuivis pour avoir participé au présumé trafic d'armes ou perçu des pots-de-vin. Trente-six avaient été condamnés, une vingtaine a fait appel. Les deux principaux acteurs de ce trafic présumé, Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak (ce dernier est toujours en fuite), condamnés tous deux en première instance à six ans de prison ferme, ainsi que l'ancien ministre de l'Intérieur Charles Pasqua, sanctionné d'un an de prison ferme et 100.000 euros d'amende, sont notamment rejugés
Pierre Falcone et le milliardaire franco-israélien d'origine russe Arcadi Gaydamak sont considérés comme les principaux artisans d'une vente à l'Angola, de 1993 à 1998, d'armement provenant d'ex-URSS, pour 790 millions de dollars. Une interminable guerre civile déchirait alors l'Angola et le régime d'Eduardo Dos Santos avait besoin d'armes. Faute d'obtenir l'aide de Paris, il s'était tourné vers des canaux officieux, passant notamment par un ancien conseiller "Afrique" du Parti socialiste, Jean-Bernard Curial, et par Jean-Christophe Mitterrand.


Stopper les ambitions de Pasqua en 2002


Mis en contact avec Falcone, Luanda obtenait ses armes, dont la facture était gagée sur les recettes futures du pétrole et gonflée pour permettre le paiement de commissions, en France et en Angola. Dos Santos déplore aujourd'hui le procès fait à ses amis Falcone et Gaydamak, à qui il a accordé la nationalité angolaise, faisant même de Falcone son représentant auprès de l'Unesco et espérant, en vain, qu'il serait couvert par une immunité diplomatique.


Pour l'accusation, l'opération a été pilotée depuis le siège français de la société de Falcone, Brenco, et aurait dû être dûment autorisée, ce qui n'a pas été le cas. D'autre part, tout a été fait pour la dissimuler, au fisc en particulier. Il y a donc eu commerce "illicite". Explorant le dédale des paiements occultes, l'enquête a débusqué parmi les bénéficiaires, une association de Charles Pasqua, qui aurait été rétribué pour son lobbying et pour l'octroi de la médaille du Mérite à Gaydamak. Selon les prévenus, la vente n'avait pas besoin d'autorisation, puisqu'elle était opérée par une société slovaque et que le matériel n'avait pas transité par la France. Falcone, Gaydamak et autres attribuent leurs déboires à des manoeuvres politiques, l'affaire ayant permis, selon eux, de stopper les ambitions de Pasqua pour la présidentielle de 2002.


http://lci.tf1.fr/france/justice/2011-01/angolagate-retour-de-l-affaire-devant-la-justice-6227668.html

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