mercredi 22 juin 2011

Bachar al Assad décrète une amnistie générale en Syrie

Le président syrien Bachar al Assad a décrété mardi une amnistie générale, au lendemain de sa promesse de vastes réformes dans le pays dont le contenu reste toutefois très vague.


Militants et politologues se sont montrés sceptiques face aux promesses formulées lundi par Assad, estimant qu'elles ne répondent pas aux revendications des protestataires qui, depuis trois mois et malgré la répression exercée par l'armée, manifestent pour obtenir davantage de libertés.
Il s'agit de la deuxième amnistie proclamée en trois semaines. Elle touche quiconque a commis un acte délictueux avant le 21 juin, rapporte l'agence de presse Sana.
Après la première amnistie, les autorités avaient relâché des centaines de prisonniers politiques, mais des mouvements de défense des droits de l'homme affirment qu'il en reste des milliers en prison.
Le président Assad a déclaré lundi qu'il demanderait au ministère de la Justice d'étudier la proclamation d'une amnistie plus large parce qu'il est ressorti de ses rencontres avec des dirigeants locaux "que pour beaucoup, la première amnistie n'était pas satisfaisante (...) et qu'il y a une aspiration à une (seconde) amnistie plus générale".
Des mouvements de défense des droits de l'homme affirment que la répression contre les manifestants s'est intensifiée depuis la première amnistie, le 31 mai, et que des centaines de personnes ont été arrêtées.
Mardi, des dizaines de milliers de Syriens ont participé dans différentes parties du pays à des rassemblements de soutien à Assad et aux réformes qu'il a promises lundi.
La télévision publique a diffusé des images de meetings à Alep, Damas et Deraa, dans le sud, où les premières manifestations contre Assad ont éclaté à la mi-mars.
Les manifestants brandissaient des drapeaux tricolores et des photos du président et ils ont lâché des ballons aux couleurs nationales, rouge, blanc et noir.
Des témoins rapportent qu'à Deraa les forces de sécurité ont ouvert le feu dans la vieille ville pour disperser des milliers de manifestants antigouvernementaux.
Ces protestataires étaient descendus dans les rues en réaction au rassemblement progouvernemental qui se tenait dans le quartier de Mahatta et dont les participants étaient, selon eux, des fonctionnaires et des militaires en civil manifestant sur ordre.
A Genève, Jakob Kellenberger, président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a annoncé que les autorités syriennes avaient accepté de donner à la Croix-Rouge et au Croissant-Rouge syrien un plus large accès aux populations civiles dans les zones de conflit et qu'elles étudiaient sa demande de visite aux personnes arrêtées.
Kellenberger a ajouté à l'issue de deux jours de pourparlers à Damas avec les autorités syriennes que les discussions avaient "porté exclusivement sur des questions humanitaires" et avaient été "franches et opérationnelles".
Les forces syriennes ont renforcé leur présence près de la frontière avec la Turquie en procédant à des arrestations dans la ville d'Alep, ont rapporté lundi des militants.
Des dizaines d'étudiants de l'université d'Alep ont été arrêtés et douze personnes, dont un imam, l'ont été aussi dans le village voisin de Tel Rifaat, à mi-chemin entre Alep et la frontière turque, selon des défenseurs des droits de l'homme.
Dans son discours prononcé à l'université de Damas, Assad a une nouvelle fois appelé au "dialogue national" et a promis que des élections législatives auraient lieu en août et qu'un programme de réformes serait élaboré d'ici septembre. Il s'agissait du troisième discours du chef de l'Etat syrien depuis le début, à la mi-mars, des manifestations contre son régime.
Dans certains faubourgs de Damas et dans plusieurs villes, des manifestants ont aussitôt protesté contre cette allocution en affirmant qu'elle ne répondait pas aux demandes de changement politique radical, a rapporté un militant.
Depuis le 18 mars, au moins 1.300 civils ont été tués et 10.000 ont été arrêtés lors de le répression sanglante orchestrée par Assad, qui a succédé à son père en 2000.
http://www.lexpress.fr/actualites/2/actualite/bachar-al-assad-decrete-une-amnistie-generale-en-syrie_1004595.html

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