vendredi 8 octobre 2010

La note sur les Roms rédigée en 1992 sous Pierre Joxe

La polémique enfle sur l'existence d'un fichier «ethnique illégal». La Place Beauvau rappelle que seule une note interne de la gendarmerie nationale, daté du 25 mai 1992, a été consacrée aux «minorités ethniques non sédentarisées».


Une vive polémique souffle sur la gendarmerie après une plainte déposée mercredi par quatre associations contre ce qu'elles décrivent comme «un fichier ethnique illégal et non déclaré» sur les Roms et gens du voyage. La Halde et la Cnil ont été saisies. Les avocats des plaignants évoquent des documents émanant de l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI) effectuant «une généalogie des familles tziganes». Dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur a déclaré jeudi ne «pas avoir connaissance» du fichier. Mais il a demandé au « groupe de contrôle des bases de données de la police et de la gendarmerie d'examiner le sujet afin de pouvoir tirer toutes les conséquences si des éléments nouveaux apparaissaient ».


Présidé par le criminologue Alain Bauer, ce groupe se réunira dès la semaine prochaine. Le ministère a aussi précisé que le «fichier généalogique» des familles tsiganes «a été supprimé le 13 décembre 2007 (…) conformément aux obligations de la loi ».


La Place Beauvau rappelle enfin que, ces dernières années, seule une note interne de la gendarmerie nationale a été consacrée aux «minorités ethniques non sédentarisées». Ce document est daté du 25 mai 1992, quand la gendarmerie était encore sous les ordres du ministre PS de la Défense, Pierre Joxe. Intitulé «La criminalité de certaines minorités ethniques non sédentarisées» et épais d'une quinzaine de feuillets, ce rapport ne prend guère de gants pour dépeindre «l'action criminelle et délictuelle de certains sans domicile ni résidence fixe (SDRF)». Dans un style très personnel, son rédacteur assure que «si l'époque des voleurs de poules est révolue, l'activité délinquante de certains SDRF demeure une constante», évoquant les «raids» nocturnes de ces «individus» qui «n'hésitent pas à foncer sur les véhicules des forces de l'ordre ou à user de leur armement, ce qui augmente leur dangerosité ».


Au chapitre «Connaissance de la population», il précise que les «origines ethniques sont variées», la qualification administrative de SDRF s'applique «aussi bien à des nomades français depuis longtemps sur le territoire, à des gitans ou manouches plus récemment naturalisés, qu'à des étrangers provenant de l'Europe de l'Est (tziganes, bohémiens, yougoslaves, roumains) ou de l'Ouest (Zingari d'Italie et gitans d'Espagne)». Les gens du voyage y sont représentés comme ayant un «sens très poussé de la famille, du clan et de la tribu», le «sentiment d'identité» étant «tellement présent dans les mœurs que les couples se forment souvent à partirde proches parents (cousins - cousines) [ sic]» et qu'en «période de migrations » la «circulation se fait généralement en famille avec un élargissement lié au concubinage ».
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/10/07/01016-20101007ARTFIG00754-la-note-sur-les-roms-redigee-en-1992-sous-pierre-joxe.php

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