jeudi 17 février 2011

Faut-il sauver le soldat Alliot-Marie ?

Jusqu'où faudra-t-il aller dans le conflit d'intérêts pour que le chef de l'Etat comprenne que le crédit de la France, dont il est garant, est engagé ?" Cette question posée par le journal Le Monde donne le ton de l'ampleur prise désormais dans la presse par "l'affaire des vacances tunisiennes" de Michèle Alliot-Marie. Les quotidiens critiquent unanimement l'obstination du gouvernement et de l'Elysée autour du "soldat MAM", plombé par son épopée tunisienne, et le comportement de cette "Dame de Fer" maintenue aux commandes d'une diplomatie française à l'image sérieusement écornée.


Dans Libération, Laurent Joffrin estime "qu'Italie mise à part, on voit peu de pays où cette succession de maladresses n'aurait pas débouché sur la nomination, à ce poste sensible qui réclame tact et jugement, d'un ou d'une remplaçante." "Le voyage de Michèle Alliot-Marie et de Patrick Ollier, deux ministres de premier plan, qui mêle, sur fond de mensonges, amitié trouble avec la galaxie Ben Ali et juteux investissements, fait déborder un vase déjà trop plein", pointe Patrick Apel-Muller dans L'Humanité.


L'image de la France écornée


Dans La Charente Libre, Jacques Guyon tire à boulets rouges : "L'encouragement venu du haut tout comme les tirs de barrage déclenchés par la troupe UMP pour sauver le soldat MAM ont du coup dopé la ministre, plus dame de fer que jamais." Hervé Favre, dans La Voix du Nord, rappelle que d'autres ont précédée la ministre dans la tempête politico-médiatique : "Dans l'univers impitoyable de la politique, on appelle cela 'être dans la lessiveuse'. On pense que le programme va s'arrêter après le rinçage et l'essorage et puis quelqu'un de bien intentionné relance le cycle. Il est rare que le ministre visé en sorte plus blanc que blanc. Ce genre de programme se termine généralement avec une forte odeur de brûlé, voire de carbonisé".


Pour Rémi Godeau dans L'Est Républicain, l'image de la France à l'étranger s'en trouve du coup sérieusement écornée. "En plein G20, voilà l'image du pays ternie", déplore-t-il. "Et la crédibilité de notre diplomatie pour longtemps amoindrie. A vrai dire, la France n'aura plus qu'un fantôme de ministre des Affaires étrangères. Sans crédit, ni voix. Fragilisé, le gouvernement redevient inaudible et le travail des députés transparent." Philippe Waucampt dans Le Républicain lorrain pense même que l'Elysée "traîne désormais comme un boulet une Michèle Alliot-Marie dont la succession de bourdes (...) et l'accumulation de demi-vérités rendent notre diplomatie inaudible sur la scène internationale".


Dans les colonnes de Sud-Ouest, Yves Harté enfonce le clou. "Ces huit derniers jours ont froidement mis sous nos yeux l'état de notre diplomatie. A parler vrai, elle est en lambeaux", selon l'éditorialiste qui ne retient de ces derniers jours que des "cocoricos et des rodomontades" et "des colères montées sur ergots". Seul L'Union/L'Ardennais, sous la plume d'Hervé Chabaud, se range derrière "le soldat MAM". "C'est l'hallali contre Alliot-Marie !", regrette l'éditorialiste pour qui "la campagne pour l'Elysée est lancée et l'on sait que les couvercles des cuves à lisier sont levés
http://lci.tf1.fr/politique/faut-il-sauver-le-soldat-alliot-marie-6280932.html

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