mercredi 9 février 2011

Vacances ministérielles : qui doit payer ?

Des vacances de Jacques Chirac à celles de Nicolas Sarkozy, la question du financement des congés des plus hauts membres de l'exécutif semble obéir en France à des règles qui ne sont pas celles du commun des mortels. La constante semblant être qu'un chef de l'Etat... ne paie pas ses vacances, contrairement à Monsieur Tout-le-Monde. La règle serait-elle la même pour les membres du gouvernement ? En tout cas, jusqu'à ce que la politique internationale s'en mêle, la question ne semblait pas poser problème. Mais après les vacances de MAM en Tunisie en plein essor de la révolution tunisienne, voici les vacances de Fillon en Egypte, aimablement sponsorisées par un régime Moubarak dont la rue réclame aujourd'hui la fin - et ces deux cas, aussi judiciairement inattaquables que politiquement malvenus, font désormais les gros titres de la presse. Qui condamne le recours systématique à des passe-droits au plus haut niveau de l'Etat
"Le syndrome du jet privé a encore frappé", résume Laurent Joffrin dans Libération. "Après MAM, François Fillon est directement épinglé pour avoir bénéficié - cette fois directement - de la complaisance intéressée d'un dictateur aux méthodes brutales et à la fortune louche. Les gouvernants se fréquentent et s'entraident dans les petites et les grandes choses, comme les membres d'une confrérie suprême qui finit par mépriser les critères éthiques du commun des mortels et se soucie comme d'une guigne de l'ennuyeuse question des droits de l'homme. Et quand les pourvoyeurs de ces passe-droits sont des présidents voleurs et des tortionnaires galonnés, on comprend que l'opinion s'émeuve".


Un épisode qui "tombe très mal pour Sarkozy"


Maurice Ulrich dans L'Humanité n'est pas étonné par ces pratiques puisque, selon lui, "le conflit d'intérêt est en quelque sorte l'un des actes fondateurs du sarkozysme" qui "commence au Fouquet's... se poursuit sur le yacht du milliardaire ami Vincent Bolloré...continue avec l'affaire Woerth-Bettencourt". "Voilà le spectacle navrant donné au monde et au pays", poursuit-il, "Voilà donc une ministre des Affaires étrangères compromise, un Premier ministre qui ne l'est pas moins".


Dans Sud-Ouest, Bruno Dive adopte plutôt le ton ironique : "pour savoir où va éclater la révolution, il suffira désormais de regarder où les membres du gouvernement vont passer leurs vacances", s'amuse-t-il. Mais selon lui, "cette double affaire pose au moins deux questions : le sens de l'éthique qui se dissipe au fur et à mesure que le temps du pouvoir s'allonge. Et cette connivence persistante de nos dirigeants avec les autocrates arabes, vestige pitoyable d'une politique arabe de la France qui a fait peu de cas des peuples."


Pour François Martin du Midi Libre, "le spectacle de l'exécutif en pleine zone de turbulences est détestable". "En rupture avec les élites, les Français ne tolèrent plus que leurs dirigeants vivent sur un grand pied alors qu'eux-mêmes souffrent de la crise et redoutent un déclassement social", explique Chantal Didier dans l'Est Républicain. "Ce nouvel épisode (...) tombe très mal pour Nicolas Sarkozy, avant son émission télévisée jeudi soir", relève Hervé Favre dans La Voix du Nord. "Il ne voulait pas que ce dialogue avec les Français soit pollué par des histoires de jets privés et de vacances ministérielles : le voilà doublement servi !"


http://lci.tf1.fr/politique/vacances-ministerielles-qui-doit-payer-6268934.html

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