lundi 7 février 2011

La défense fluctuante de Michèle Alliot-Marie

Désormais, la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, menace de passer ses vacances en Dordogne où son compagnon possède une maison, pour qu'on arrête de la harceler avec ses vacances tunisiennes. Depuis dimanche, la ministre a accéléré sa contre-offensive médiatique, multipliant malgré elle, et comme Eric Woerth en son temps, les maladresses se plaçant elle-même sur un siège éjectable. France 24, le Parisien, Europe 1, elle a multiplié les interviews pour tenter de désamorcer la polémique. Et le moins que l'on puisse dire est que sa défense accumule imprécisions, mensonges et aveux tardifs sans excuses
Depuis le début de la polémique, elle use de plusieurs axes de défense :


- La calomnie : Michèle Alliot-Marie a ainsi récusé dès le mercredi 2 février les "mensonges" du Canard enchaîné, qui avait affirmé qu'elle avait voyagé dans un avion appartenant à un proche du clan Ben Ali, et assuré qu'elle ne démissionnerait pas sur des "choses fausses". "Pour des choses qui sont fausses, pour des assertions, non, pas du tout", a répondu la ministre à la presse qui lui demandait si elle envisageait de démissionner. "Je crois qu'il y a des vrais sujets, je réponds uniquement sur ces choses puisque je n'aime pas qu'on dise des mensonges en ce qui me concerne", a poursuivi la chef de la diplomatie française. Jeudi 4 février, au Sénat, elle a vivement rétorqué aux interpellations de la gauche : "la devise de ma famille, c'est bien faire et laisser dire (...) j'ai démontré au fur et à mesure que toutes les attaques dont j'ai été l'objet étaient sans fondement, ignominieuses".










- Le complot socialiste : "Moi, je me refuse à mettre en accusation les responsables politiques de gauche qui ont pris régulièrement des vacances en Tunisie pendant que Ben Ali était président", a-t-elle lancé lundi 7 février dans une interview diffusée sur Europe 1. Au Sénat déjà, jeudi, elle a renvoyé les socialistes à leurs "amis plus que proches de Ben Ali" qui participaient en novembre à une réunion de l'Internationale socialiste (IS), à l'exclusion tardive de l'IS du parti de l'ex président tunisien et à leur inaction concernant l'Ivoirien Laurent Gbagbo. "Qu'attendez-vous encore pour l'exclure lui aussi et son parti" de l'IS ?, avait-t-elle lancé.


Visant, sans les nommer, les membres du Parti socialiste, elle a déclaré : "On en est à créer des polémiques en disant que je n'ai pas dit des choses que j'ai dites devant six millions de personnes", en faisant notamment allusion à ses explications sur la chaîne Canal+ au début de l'affaire. La ministre a dénoncé sur France-Info une "polémique totalement artificielle".






- La victimisation : La ministre a finalement tenté de se justifier en dégainant l'arme de la compassion. "Avec le rythme que nous avons, de temps en temps on a besoin de se poser, on a besoin d'être en famille et avec des amis. Et à ce moment là, on oublie la représentation. C'est une erreur et je m'en rends compte maintenant", a regretté la ministre dans l'interview d'Europe 1 après avoir déclaré quelques jours plus tôt : "Quand je suis en vacances, je ne suis pas ministre 24/24 heures 365 jours par an", sur France Info. Elle s'est donc engagée à ne plus remonter dans un avion privé tant qu'elle sera ministre.






- L'honnêteté : "Depuis vingt ans, j'ai vraiment essayé de tout faire", de "payer mes déplacements, tout ce qui est privé", a plaidé la ministre sur Europe 1. Elle a assuré s'être exprimée dans les médias sur cette affaire "simplement avec (sa) bonne foi". Elle observe également, concernant son voyage, qu'il n'a rien coûté "ni au budget tunisien, ni au budget français. Ce n'était pas de l'argent public". Par ailleurs, cet ami tunisien qui l'a transportée à bord d'un appareil privé est "une personne qui ne m'a jamais rien demandé. C'est simplement une relation désintéressée et amicale". "Chacun connaît ma rigueur et mon éthique", a-t-elle ajouté.


"Je n'ai pas pensé à mal", a précisé sur France 2 la ministre, en ajoutant qu'au vu de la "polémique" et "l'émotion" suscitées, elle ne referait pas un tel voyage dans ces conditions. "Je n'ai pas fait attention, probablement parce qu'il s'agissait d'amis", a-t-elle admis, en se disant "meurtrie de voir" ce dont elle est accusée.


"Je ne suis pas une spécialiste de la communication, tout le monde le sait", a également affirmé le chef de la diplomatie française
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20110207.OBS7631/la-defense-fluctuante-de-michele-alliot-marie.html

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