samedi 9 avril 2011

Les Européens prêts à se lancer au secours de Misrata

L'Union européenne, éclipsée jusqu'ici par l'Otan en Libye, se prépare à lancer une mission militaro-humanitaire pour aider la population assiégée de Misrata, à laquelle l'Allemagne s'est déjà dit prête à participer mais qui doit encore être acceptée par l'ONU. Sa chef de la diplomatie Catherine Ashton a mis la pression vendredi sur les Nations Unies pour aller de l'avant. Dans un courrier adressé au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, elle assure que l'Union est "disposée à agir" par tous les moyens, "y compris militaires", afin de soutenir sur le plan humanitaire les 300.000 personnes vivant dans la cité, a indiqué un diplomate. L'Europe, y dit-elle, est prête à coordonner les efforts internationaux pour la ville, pilonnée sans relâche depuis un mois et demi par les forces du colonel Kadhafi. Un diplomate européen de haut rang qualifie la situation dans la ville de "dramatique". "Les Nations unies sont en train de se rendre compte de la gravité de la situation" sur place "et pourraient être amenées à solliciter l'Union européenne dans les tout prochains jours", a-t-il ajouté, précisant que "pas mal de contacts" ont été noués en ce sens.
Les forces rebelles en Libye et les organisations humanitaires alertent depuis des semaines la communauté internationale sur le sort des habitants de Misrata. L'idée de l'UE est en priorité d'évacuer les blessés et d'apporter eau, nourriture et médicaments qui manquent cruellement. La mission, dont les moyens précis restent à définir, serait pour l'essentiel navale. "Il n'est pas question de troupes au sol pour le moment", a souligné le diplomate. Les pays de l'Union européenne se sont déjà mis d'accord le 1er avril sur le principe d'une opération militaire à but humanitaire en Libye, baptisée Eufor Libya, mais dont l'objectif reste à définir. Elle est d'ores et déjà dotée d'un budget de 7,9 millions d'euros et serait commandée par un vice-amiral italien, Claudio Gaudiosi, depuis un quartier général situé à Rome. Elle ne pourra cependant être déclenchée qu'à la demande du Bureau des Nations unies pour les Affaires humanitaires (OCHA).
Quelle reconnaissance accorder au CNT ?
Les ministres européens des Affaires étrangères vont aussi rencontrer mardi un représentant du Conseil national de transition libyen, en dépit de divergences au sein de l'UE sur le statut à accorder aux rebelles de Benghazi, ont indiqué vendredi des diplomates. Il s'agit d'une première pour l'UE dans son ensemble. La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, qui a décidé de lancer l'invitation, de même que plusieurs capitales européennes ont déjà rencontré à titre individuel des représentants des insurgés. Mais aucune réunion avec l'ensemble des 27 n'avait pu être mise sur pied jusqu'à présent. La rencontre est prévue avec Mahmoud Jibril, chargé des affaires étrangères au sein du CNT. Elle sera brève, juste après un déjeuner de travail des ministres prévu mardi à Luxembourg. Les tractations pour en arriver là n'ont pas été simples, du fait de fortes réserves de quelques pays, principalement la Suède.
La France, premier pays à avoir reconnu les rebelles de Benghazi comme interlocuteur légitime, et d'autres pays comme l'Italie ou le Danemark poussent pour que l'UE accorde davantage de poids au CNT, au moment où le conflit armé en Libye semble s'enliser, les insurgés ne parvenant plus à gagner du terrain face aux forces loyales à Mouammar Kadhafi. D'autres Etats rechignaient à l'idée de rencontrer un représentant de ce forum lors d'une réunion des chefs de la diplomatie européenne, arguant que cela confèrerait au CNT une forme de légitimité prématurée à leurs yeux. A ce jour, la position commune de l'Union européenne se borne à considérer les rebelles de Benghazi comme un "interlocuteur politique".
L'Union Africaine s'efforce pour sa part d'obtenir un cessez-le-feu. Un groupe de dirigeants africains, dont le président d'Afrique du sud Jacob Zuma, se rendra en Libye au cours du week-end pour y rencontrer les parties en conflit, a annoncé vendredi le ministère sud-africain des Affaires étrangères. Jacob Zuma et ses homologues du Congo, du Mali, de Mauritanie et d'Ouganda, qui forment un "panel" de médiateurs au sein de l'Union africaine, doivent se retrouver d'abord en Mauritanie ce samedi, avant de se rendre dimanche en Libye pour y rencontrer le colonel Mouammar Kadhafi ainsi que les responsables de l'insurrection à Benghazi. La visite du groupe de médiateurs de l'UA était prévue pour le mois dernier mais avait dû être annulée faute d'autorisation pour pénétrer dans la zone d'exclusion aérienne décrétée par les pays occidentaux. Elle intervient après la condamnation mardi par le président de l'UA, Teodoro Obiang Nguema, des interventions militaires étrangères en Côte d'Ivoire et en Libye et la réaffirmation que l'Afrique devait résoudre ses propres conflits.
http://lci.tf1.fr/monde/afrique/les-europeens-prets-a-se-lancer-au-secours-de-misrata-6379029.html

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