vendredi 29 avril 2011

Un Axonais témoigne depuis Marrakech

Propriétaire d'un riad à Marrakech situé à proximité du drame, Guillaume B*. hésite entre deux sentiments qui ont pour point commun la peur. La peur qu'un attentat comme celui qui vient de frapper le centre historique du Maroc se répète dans les prochaines heures. Mais la peur, aussi, que la psychose s'empare de la population et des touristes, ce qui, selon lui, réduirait à néant plusieurs années d'efforts.
« Ce matin, je devais me rendre dans la rue ou ''l'incident'' s'est produit afin d'aller payer mes taxes, mais comme le service était en grève, j'ai reporté cela à plus tard », explique-t-il. « En revanche, deux touristes hébergés chez moi se trouvaient à 50 mètres du café l'Argana, situé sur place Jemâa el-Fna, lorsque l'explosion s'est produite. Par chance, ils n'ont pas été blessés mais souffrent de douleurs aux tympans. La déflagration a été très violente et tout ce qui se trouvait aux alentours a été soufflé. » Guillaume évoque ensuite « une marée humaine, des gens totalement ébaubis et paniqués », avant d'ajouter : « Heureusement, les secours n'ont mis qu'une quinzaine de minutes pour arriver. »
Hier soir, ce viticulteur d'Épernay, qui compte une partie de sa famille dans l'Aisne était toujours dans l'attente du retour de cinq de ses pensionnaires : « Je n'ai pas de nouvelles d'eux et comme toutes les victimes n'ont pas été identifiées, je me fais beaucoup de soucis ».
Sur les responsabilités de cet attentat, Guillaume ne peut que rester évasif… et prudent : « On ne peut rien affirmer, rien n'a encore été prouvé au moment où je vous parle. » Seule certitude selon lui : « Cela ne doit pas être perçu comme le début d'un soulèvement populaire comme l'ont connu la Tunisie ou l'Égypte. »
Cela fait huit ans que Guillaume s'est installé à Marrakech avec sa compagne originaire du Maroc et leur enfant. « Huit ans de bonheur, confesse-t-il, dans un pays qui n'a de cesse de s'ouvrir aux autres. »
Nicolas FOSTIER
* Par crainte de représailles et tant que l'enquête n'a pas établi les responsabilités dans cet attentat, ce témoin préfère conserver l'anonymat

http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/un-axonais-temoigne-depuis-marrakech

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