dimanche 10 avril 2011

Pour l'Otan, il n'y a pas de solution militaire en Libye

Pas de solution militaire?
"Peut-on gagner cette guerre sans envoyer des troupes au sol ?" Pour le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, interrogé par le journal allemand Der Spiegel, "la réponse sincère à cette question, c'est qu'il n'y a pas de solution militaire à ce conflit. Nous avons besoin d'une solution politique, et c'est l'affaire du peuple libyen d'oeuvrer en ce sens". Mais "au bout du compte, ce sera l'affaire de l'ONU d'aider la Libye à trouver une solution politique à cette crise", a estimé M. Rasmussen. "L'intégralité territoriale de la Libye doit à tout prix être maintenue", a-t-il ajouté. En ce qui concerne l'Otan, "nous nous concentrons sur la mise en oeuvre de la résolution 1973" de l'ONU qui ordonne de protéger les civils libyens, et "nous allons nous en tenir strictement à cette résolution, c'est notre mandat", a dit M. Rasmussen.

L'Otan force un avion de chasse rebelle à atterrirAbsurdité ou respect à la lettre du mandat onusien ? Des avions de l'Otan ont intercepté samedi un chasseur MiG-23 piloté par un rebelle libyen qui violait la zone d'exclusion aérienne et l'ont forcé à atterrir, a déclaré un responsable de l'Otan. Ce MiG-23 avait décollé dans la matinée d'une piste contrôlée par les insurgés près de la ville de Benghazi, leur bastion dans l'est de la Libye, mais il a été intercepté quelques minutes après son départ, a précisé ce responsable qui a requis l'anonymat. "Le MiG-23 n'a fait aucune manoeuvre agressive" et les forces de l'Otan se sont contentées de le contraindre à atterrir sur l'aérodrome de Benina d'où il était parti, a-t-il expliqué.
Les rebelles reculentSur le terrain, les forces fidèles à Mouammar Kadhafi ont repoussé samedi à coups de tirs d'artillerie les rebelles vers Ajdabiya, dans l'est de la Libye. Alors que les insurgés s'étaient rapprochés dans la matinée à quelques dizaines de kilomètres de Brega, ils ont essuyé des tirs d'obus et de roquettes qui les ont obligés à battre en retraite vers l'est. Au moins 10 fortes explosions ont été entendues dans les environs d'Ajdabiya, tandis que les forces loyalistes bombardaient les insurgés dans leur retraite. Après une violente explosion, suivie d'un immense panache de fumée, plusieurs témoins ont assuré qu'il s'agissait d'une frappe aérienne de l'Otan. Mais l'Alliance atlantique a démenti, affirmant qu'aucun de ses avions n'avait effectué de frappe samedi sur Ajdabiya. En fin de journée, les insurgés contrôlaient toujours l'est d'Ajdabiya et quelques voitures revenaient dans la ville, notamment un convoi de véhicules militaires. Selon des habitants, des affrontements isolés avaient cependant lieu dans différentes parties de la ville.
Un hélicoptère aux couleurs de la rébellionEn chemin, des journalistes de l'AFP ont vu un hélicoptère militaire, arborant les couleurs des rebelles, volant à très basse altitude dans la direction du front, donc en violation de la zone d'exclusion aérienne en vigueur depuis le 19 mars. L'Otan a dit enquêter sur cet hélicoptère.
Des appareils britanniques en opérationPour autant, les forces occidentales poursuivent leurs frappes aériennes. Le ministère britannique de la Défense a indiqué que des Tornado de la Royal Air Force avaient touché sept chars des pro-Kadhafi vendredi, deux dans le secteur d'Ajdabiya et cinq dans celui de Misrata (ouest).
Les diplomates se mobilisent Alors que l'Otan et les Etats-Unis divergent sur les risques d'enlisement, l'Union africaine (UA), l'Union européenne (UE) et la Ligue arabe ont annoncé de nouvelles initiatives, à quelques jours d'une réunion du Groupe de contact sur la Libye mercredi prochain à Doha (Qatar). La Ligue arabe accueillera le lendemain jeudi au Caire une conférence en présence notamment du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton. Dès ce dimanche, un groupe de dirigeants africains -le président sud-africain Jacob Zuma et ses homologues du Congo, du Mali, de Mauritanie et d'Ouganda- est attendu en Libye. Objectif affiché de ces médiateurs de l'UA: rencontrer Mouammar Kadhafi puis des responsables de l'insurrection dans leur fief de Benghazi pour tenter d'obtenir un cessez-le-feu. A la veille de leur arrivée, la rébellion a par avance rejeté toute idée d'un cessez-le-feu impliquant le maintien au pouvoir de Mouammar Kadhafi ou de ses fils.
Kadhafi visite une école de TripoliLa télévision d'Etat libyenne a diffusé samedi des images de Mouammar Kadhafi en train de visiter une école de Tripoli.
BHL, le retourDans ce contexte mouvementé, l'écrivain français Bernard-Henri Lévy est attendu à Benghazi, point de départ d'une visite "indépendante" d'une semaine dans le pays. L'intellectuel s'était déjà rendu début mars à Benghazi, où il avait rencontré des membres du Conseil national de transition (CNT) avant d'organiser leur rencontre à Paris avec le président français Nicolas Sarkozy et de plaider pour une intervention militaire.
Rencontre UE/rébellionMardi, les ministres européens des Affaires étrangères ont prévu de rencontrer un représentant du CNT, une première pour l'UE dans son ensemble. La France, le Qatar et l'Italie ont déjà reconnu officiellement cet organisme représentatif des insurgés.
L'aide humanitaire arriveL'UE se prépare en outre à lancer une mission militaro-humanitaire pour aider la population assiégée de Misrata (210 km à l'est de Tripoli), bombardée depuis un mois et demi par les forces de Kadhafi. Samedi, un navire affrété par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a accosté dans cette ville, la troisième du pays, avec à son bord suffisamment de fournitures médicales pour soigner 300 blessés.

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