lundi 11 avril 2011

Libye : les rebelles posent leurs conditions à un cessez-le-feu

Un cessez-le-feu immédiat ? C'est ce que prévoierait la feuille de route proposée à par l'Union africaine, et qu'il aurait acceptée. Alors que de violents combats se sont poursuivis dimanche notamment à Ajdabiya (est) et à Misrata (ouest), cinq diplomates de l'Union africaine devraient s'entretenir ce lundi avec des responsables de l'insurrection dans leur fief de Benghazi, pour trouver un compromis entre belligérants. La tâche s'annonce rude : les insurgés ont toujours refusé le principe d'un cessez-le-feu si Kadhafi se maintient au pouvoir.
Quelques heures avant cette rencontre avec les rebelles libyens, les insurgés ont d'ores et déjà réaffirmé qu'avant tout cessez-le-feu, les troupes gouvernementales doivent se retirer de la rue et la liberté d'expression devrait être respectée. « Les gens doivent être autorisés à aller dans la rue pour exprimer leur opinion et les soldats doivent retourner dans leurs casernes », a déclaré Chamseddine Abdelmaoula, porte-parole du Conseil national de transition (CNT, représentant la rébellion). Il a également exigé la libération de plusieurs centaines de personnes portées disparues depuis le début du soulèvement populaire contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi et qui seraient aux mains des forces loyalistes.

Le président sud-africain Jacob Zuma, qui dirigeait la délégation africaine à Tripoli dimanche, a invité l'Otan à mettre fin à ses bombardements contre les forces de Mouammar Kadhafi pour offrir une chance de succès à un éventuel arrêt des hostilités. Pressé de dire si le départ du leader libyen avait été évoqué durant les plusieurs heures d'entretiens entre le dirigeant libyen et la délégation africaine, Ramtane Lamamra, commissaire de l'UA pour la paix et la sécurité, a répondu : «Il y a eu des discussions.» Mais il a rapidement balayé le sujet avec le double argument qu'il n'était pas présent et qu'il fallait garder la plus grande confidentialité à ces échanges.

Combats. Sur le terrain, les bombardements ont repris dimanche, pour la deuxième journée consécutive, autour de la ville d'Ajdabiya (est), où s'opposent férocement les forces loyalistes à l'ouest et les rebelles à l'est. En fin de journée, des combats avaient toujours lieu aux abords de la sortie ouest de la cité qui ouvre la route vers la ville pétrolière de Brega, 80 km plus à l'ouest, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Samedi, les rebelles avaient tenté de s'approcher de Brega avant d'être repoussés par les tirs d'artillerie des pro-Kadhafi. Les insurgés ont affirmé avoir capturé 15 mercenaires algériens à Ajdabiya et en avoir tué trois samedi. Selon un porte-parole des rebelles, ils ne portaient pas de papiers d'identité mais «ils ont dit qu'ils étaient Algériens et avaient un accent algérien», précisant que plusieurs cartes d'identité et passeports algériens avaient été trouvés dans un bâtiment proche.

Au moins 23 morts ce week-end. Au moins douze personnes ont péri ce week-end dans et autour de la ville, selon des sources médicales. Les dépouilles de neuf rebelles ont été transportées à la morgue de l'hôpital Jala, à Benghazi, où sont transportés en règle générale la plupart des victimes de la rébellion lors des affrontements dans l'est du pays. «De notre côté, nous avons eu trois morts et trois blessés d'Ajdabiya», a indiqué à l'AFP un médecin d'un autre hôpital.

Dans l'ouest du pays, un autre front ne montrait aucun signe d'accalmie dimanche : Misrata, ville rebelle assiégée et bombardée depuis un mois et demi par les forces gouvernementales. Selon un médecin de la ville joint par l'AFP, les combats y ont fait au moins 11 morts depuis le début du week-end.

25 tanks détruits dans des frappes. Des avions de l'OTAN ont détruit onze tanks des pro-Kadhafi sur une route menant à Ajdabiya et 14 près de Misrata dans l'ouest, selon le général Charles Bouchard, commandant de l'opération «Protecteur unifié». «La situation à Ajdabiya, et en particulier à Misrata, est désespérée pour les Libyens qui sont brutalement bombardés par le régime. Pour contribuer à protéger ces civils, nous continuons à bombarder durement les forces (du régime) et avons détruit onze tanks qui s'approchaient d'Ajdabiya et quatorze ce (dimanche) matin aux environs de Misrata», a-t-il indiqué dimanche. L'OTAN avait déjà détruit quinze tanks du régime près de cette ville vendredi et samedi, portant à 29 le nombre de ces engins détruits en trois jours.

«Les bombardements vont continuer toute la journée et toute la nuit», avait auparavant précisé un responsable de l'OTAN qui a requis l'anonymat. L'OTAN a également visé des dépôts de munition et des lignes de communication pour priver les forces de Kadhafi de leur approvisionnement, selon le général Bouchard.               

http://www.leparisien.fr/intervention-libye/libye-les-rebelles-posent-leurs-conditions-a-un-cessez-le-feu-10-04-2011-1401884.php

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