lundi 22 novembre 2010

Affaire Karachi: le juge d'instruction écrit à Alain Juppé

Jusqu'au plus haut sommet de l'Etat, l'affaire Karachi s'accélère. Marc Trévidic, le juge d'instruction chargé de l'enquête sur l'attentat de Karachi, où onze Français avaient trouvé la mort en mai 2002, a écrit lundi au nouveau ministre de la Défense Alain Juppé pour demander une nouvelle déclassification de documents classés «secret défense».
Il s'agit de documents qu'il n'a pas obtenus lors de sa précédente demande en mai, relatifs notamment à l'arrêt du paiement des commissions sur la vente des sous-marins Agosta au Pakistan, indique lundi France Info.


Dominique de Villepin entendu cette semaine


Dominique de Villepin lui, devrait être «entendu dans la semaine conformément à sa demande», a précisé son avocat Me Metzner ce lundi matin. L'ancien Premier ministre a fait part vendredi de «très forts soupçons» de corruption («rétrocommissions») en 1995 vers des décideurs français en marge de contrats d'armements, qu'il a confirmés dimanche tout en précisant qu'il n'y avait «pas de preuve formelle».


Juppé dans le viseur des familles


Nouveau ministre de la Défense, Alain Juppé est dans le viseur des familles de victimes de cet attentat. «Nous allons demander dès demain (lundi) au juge Renaud Van Ruymbeke d'entendre M. Juppé car il était Premier ministre en 1995 au moment de l'arrêt des commissions», a indiqué Me Olivier Morice, l'avocat des familles.


Lundi matin sur Europe 1, le rapporteur PS de la mission parlementaire sur ce dossier Karachi, Bernard Cazeneuve, a estimé que «ce qui est en train de se passer dans le dossier Karachi n’est pas digne».


«Nous avons des interrogations légitimes que je ne cesse de formuler depuis les auditions qui ont eu lieu devant le juge. Il y a des suspicions. Mais les suspicions ne sont pas des preuves», a jugé Bernard Cazeneuve. Il souhaite qu’une nouvelle mission d'information parlementaire soit lancée sur ce dossier.


Les députés socialistes et la première secrétaire du PS Martine Aubry demandent toute la vérité dans cette affaire. Ils somment Nicolas Sarkozy de s'expliquer sur la nature des financements de la campagne d'Edouard Balladur, et donc de l'existence ou non de rétrocommissions illégales une fois conclus les contrats de vente de sous-marins avec le Pakistan.


Un témoin clé s'explique




Témoin-clé dans l'affaire de Karachi, Michel Mazens, chargé de négocier les marchés d'armement en 1995, a affirmé lundi dans un entretien à Libération qu'il y a bien eu des rétrocommissions, mais leur arrêt n'est pas forcément lié à l'attentat de Karachi, en 2002, où onze Français avaient trouvé la mort.


«L'attentat s'est déroulé longtemps après cet épisode. A mon sens, il n'y a pas de lien entre les deux. Je n'ai jamais reçu la moindre information qui m'aurais permis de le penser» a déclaré l'ancien président de la Société française d'exportation de systèmes avancés (Sofresa). Il estime qu'il y a eu une «exagération» et une «surinterprétation» de ses propos, selon Libération. «Sa mise au point diminue le bien-fondé d'une plainte visant Jacques Chirac, un peu vite accusé d'avoir, en stoppant les rétrocommissions, entraîné l'attentat sept ans plus tard», écrit aussi le quotidien.


Vendredi, le site d'information Mediapart a affirmé que Michel Mazens, a expliqué jeudi au juge Van Ruymbeke qu'il avait été chargé en 1995 d'interrompre le versement de commissions sur le contrat Sawari II de vente de frégates à l'Arabie saoudite.


C'est quand il a averti Dominique Castellan, ex-président de DCNI --la branche internationale et export de la DCN-- que les commissions promises en marge d'un contrat de vente de sous-marins au Pakistan en 1994 ne seraient pas versées, que ce dernier lui aurait fait part des risques encourus par le personnel de DCN.


«J'ai senti Dominique Castellan soucieux, mais pas au point de craindre un acte criminel, ça ne se situait pas sur ce plan-là», a dit Michel Mazans à Libération. D'après ce quotidien, «sa mise au point diminue le bien-fondé d'une plainte visant Jacques Chirac, un peu vite accusé d'avoir, en stoppant les rétrocommissions, entraîné l'attentat sept ans plus tard».
http://www.leparisien.fr/politique/affaire-karachi-le-juge-d-instruction-ecrit-a-alain-juppe-22-11-2010-1161101.php

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