vendredi 19 novembre 2010

Affaire Karachi : Morin tente de mouiller Bayrou

L'ex-ministre de la Défense Hervé Morin a affirmé, vendredi 19 novembre, qu'il avait "déclassifié tous les documents" réclamés par la justice dans l'affaire des ventes d'armes à Karachi et a suggéré d'interroger les soutiens d'Edouard Balladur en 1995, citant François Bayrou
Interrogé sur France Info sur les soupçons de rétrocommissions qui auraient pu bénéficier à la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, Hervé Morin a souligné que le président du MoDem François Bayrou était à l'époque "secrétaire général de l'UDF (...), la principale formation politique qui soutenait Edouard Balladur".


"Toutes celles et tous ceux qui ont joué un rôle prépondérant dans la campagne d'Edouard Balladur, qu'ils disent ce qu'ils savent de l'organisation de cette campagne. Ils ont peut-être en eux aussi un secret défense", a lancé le président du Nouveau Centre.






"100% déclassifiés"


François Bayrou a demandé mercredi la levée du secret défense sur l'affaire des ventes d'armes à Karachi assurant que son parti - à l'époque le CDS (Centre des démocrates sociaux), une des composantes de l'UDF - n'avait pas été "intéressé à ces ventes-là".


Hervé Morin a assuré, pour sa part, avoir "déclassifié tous les documents dont la Commission chargée du secret de la défense nationale a considéré qu'ils devaient être transmis au juge". "Lorsque j'ai été saisi il y a quelques mois par le juge Trévidic d'un certain nombre de demandes de documents, je lui ai fait savoir par courrier que j'avais d'autres documents que ceux qu'il me demandait, et je lui ai transmis ces documents après avis favorable de la commission", a-t-il affirmé, assurant qu'il avait "joué totalement la transparence sur le sujet". "La commission a commis une publication dernièrement indiquant que le ministre qui a déclassifié 100% des documents sur lesquels elle avait émis un avis favorable, c'est moi. Je suis le meilleur de la classe", s'est-il vanté.


L'ex-ministre a toutefois fait valoir que ces documents sont "liés aux contrats militaires" et que "s'il y a eu d'éventuelles rétrocommissions ce n'est pas dans ces documents-là que cela va apparaître".






"Tous les partis avaient été intéressés"


L'ex-ministre socialiste de la Défense Alain Richard a démenti jeudi avoir dit que "tous les partis avaient été intéressés" aux rétrocommissions sur les ventes d'armes au Pakistan, comme l'a affirmé le président du MoDem, François Bayrou.
Dans un communiqué, Alain Richard affirme que "les propos qui lui ont été prêtés par François Bayrou, lors du 20h de France 2, le 17 novembre, n'étaient pas exacts".
"Ils portaient sur des commissions relatives à une affaire ancienne bien particulière et n'ont pas été tenus à la tribune du Parlement", rectifie l'ex-ministre. Il précise que "le gouvernement de Lionel Jospin avait mis fin au mécanisme des commissions". A l'époque, Jacques Chirac était président de la République.
"Alain Richard a dit à la tribune de l'Assemblée nationale que tous les partis -- pas le mien -- avaient été intéressés à ces ventes-là", avait déclaré mercredi soir François Bayrou, à propos des rétrocommissions sur les ventes d'armes de la France à Karachi.
Jeudi, après le démenti d'Alain Richard, le président du MoDem a tenu à préciser ses propos auprès de l'AFP.






"Des commissions illicites dans les deux transactions"


Il a reconnu une chose "inexacte" dans ses déclarations, à savoir le lieu -- en fait une émission de télévision et non l'Assemblée nationale -- où avaient été faites les déclarations de l'ex-ministre PS.
François Bayrou a rappelé que dans l'émission "Questions d'Info" de LCP du 11 mai 2006, interrogé sur la vente de Frégate à Taïwan par la France en 1991 et "d'avions de combat", Alain Richard s'était dit certain qu'il y avait eu "des commissions illicites dans les deux transactions". "Vous en êtes certain en tant que ministre de la Défense?, lui avait-on demandé. "Oui", avait-il répondu.
Comme on lui demandait s'il croyait que ces commissions avaient "pu arroser des partis politiques", Alain Richard avait répondu par l'affirmative. "Tous les partis politiques ?", lui avait-on demandé, "Non", avait affirmé l'ancien ministre sans en dire davantage.
Ces déclarations avaient valu à l'ex-ministre de la Défense d'être entendu par un juge en juillet 2006. Le président du MoDem Bayrou a rappelé à cet égard les propos de l'ex-ministre rapportés alors par Le Monde: "Avant mars 1993, l'orientation de ces commissions n'a pu se faire que sous l'autorité du président de la République (François Mitterrand) et après mars 1993, que sous celle du premier ministre (Edouard Balladur)".
"Des interlocuteurs dignes de foi m'ont affirmé que dans le pourcentage particulièrement élevé de ces commissions une partie était destinée à des reversements en France", avait-il dit aussi.


http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20101119.OBS3201/affaire-karachi-morin-tente-de-mouiller-bayrou.html

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