vendredi 26 novembre 2010

Karachi : révélations sur l’homme clé des commissions

Les fronts judiciaires se multiplient dans l’affaire Karachi. Désormais c’est une nouvelle juridiction qui s’y intéresse : les prud’hommes de Paris! Jean-Marie Boivin, présenté comme l’homme clé de montages financiers ayant permis le transfert des commissions et rétrocommissions en marge de la vente de sous-marins au Pakistan, attaque en effet son ex-employeur, la Direction des constructions navales (DCN).
Il réclame notamment la somme de 80000 € au titre des frais d’avocats dépensés ces derniers mois sur ses fonds propres.
La DCN lui refuse tout soutien et affirme que Boivin aurait agi de son propre chef dans l’organisation des montages financiers occultes. Or, les documents que révèle « le Parisien » - « Aujourd’hui en France » semblent prouver qu’il a bel et bien agi sur ordre de la DCN.


Le rôle de Jean-Marie Boivin. Il a été mis en examen pour espionnage et corruption au début de l’été dans un des volets du dossier Karachi. Mais la justice s’intéresse plus particulièrement à lui pour sa gestion de deux sociétés luxembourgeoises, Heine et Eurolux. C’est par ces structures qu’auraient transité les millions d’euros de commissions liées à plusieurs contrats d’armement. Boivin assure qu’il n’a jamais agi pour son propre compte, mais pour celui de la DCN,


Une fausse démission en 2002. Du 29 août 1994 au 21 janvier 2002, Jean-Marie Boivin était officiellement employé comme « juriste » par la branche internationale de la DCN, dénommée DCN-I. S’il démissionne « officiellement » en 2002, c’est pour « s’occuper des sociétés offshore mises en place par la DCN au Luxembourg, développe son avocat, Me Philippe Lauzeral. Jean-Marie Boivin a toujours agi sous la subordination directe de sa hiérarchie », et ce même après son départ. Sa démission serait donc de pure forme comme semblent l’attester plusieurs documents internes à la DCN que nous nous sommes procurés. Ils montrent que l’ex-juriste a conservé après 2002 non seulement son bureau, mais aussi sa ligne téléphonique, un badge d’accès et sa carte de parking.


Une lettre de mission du patron de la DCN. Dès 1994, comme le prouve une lettre du patron de la DCN-I de l’époque, Dominique Castellan, Jean-Marie Boivin a « tout pouvoir pour gérer, selon les instructions de DCN-I, la société de développement international Heine SA ». Une gestion qui va perdurer dans le temps, puisque, selon le courrier qu’il adresse en septembre 2007 à l’ex-patron de DCN-I, Philippe Japiot, Jean-Marie Boivin souligne que « depuis le 10 février 2004, j’ai rencontré à 154 reprises votre représentant ». Il rappelle que « DCN et l’Etat français sont conjointement, et solidairement, les bénéficiaires économiques de Heine », ce que confirme une autre attestation en notre possession. Ensuite, il demande à Philippe Japiot de se « pencher sur ma situation personnelle dans quatre pays : Luxembourg, Suisse, Singapour, Malaisie »…


La fin de non-recevoir de la DCN. A travers plusieurs courriers ces derniers mois, elle a opposé à Jean-Marie Boivin une fin de non-recevoir. Le 10 septembre, elle considérait sa demande comme « surprenante ». « Quoi qu’il en dise, il n’était plus salarié de la DCN au cours de la période visée », explique une juriste spécialisée. La direction du groupe affirme par ailleurs tout « ignorer des faits pour lesquels M. Boivin est mis en examen ».


http://www.leparisien.fr/attentat-de-karachi/karachi-revelations-sur-l-homme-cle-des-commissions-26-11-2010-1166366.php

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