dimanche 28 novembre 2010

Karachi: Des écoutes très recherchées

Une enquête du Monde, publiée samedi, évoque des écoutes téléphoniques, procédées en 1995-1996 par l'Elysée sous Jacques Chirac, visant des personnalités liées aux rétrocommissions du "Karachigate". L'équipe de François Léotard, ministre de la Défense sous Balladur, aurait ainsi été espionnée. Ces écoutes mettraient notamment en cause Renaud Donnedieu de Vabres, ministre sous Raffarin.


Une affaire comme le "Karachigate" permet toujours de déterrer d'anciens dossiers oubliés par la machine médiatique. Le Monde , dans son édition datée de dimanche-lundi, évoque ainsi des écoutes illégales organisées par l'Elysée sous Jacques Chirac. Quand le président nouvellement élu arrive au pouvoir, il tente de retrouver la trace d'éventuelles rétrocommissions encaissées dans le camp Balladur dans le cadre du contrat Agosta qui lie la France au Pakistan – la vente de sous-marins à l'origine du "Karachigate". Il aurait donc demandé à son secrétaire général, Dominique de Villepin, de mettre sur écoute les anciens membres du cabinet de François Léotard, ministre de la Défense sous Balladur.


Lors de son audition devant le juge Renaud Van Ruymbeke jeudi, Dominique de Villepin a balayé cette accusation: "Jamais, à ma connaissance, aucune personnalité politique n'a été mise sur écoute." Pourtant, le 8 juillet 1996, les services de Matignon ont bien évoqué des écoutes effectuées pour "des motifs strictement liés à la sécurité nationale". Une surveillance qui visait, selon un article du Monde de l'époque, le cabinet de François Léotard. On ne savait pas alors la raison de cette procédure secrète.


Donnedieu de Vabres reconnaît avoir travaillé sur le dossier
Quatorze ans plus tard, ces interceptions refont donc surface dans l'enquête pour "corruption" de l'affaire Karachi. D'après le quotidien du soir, Renaud Donnedieu de Vabres était alors visé. Avant de devenir ministre sous Raffarin, il était en effet conseiller spécial de François Léotard à la Défense, de 1993 à 1995. Dans ce cadre, il a travaillé sur le contrat Agosta, rencontrant plusieurs émissaires pakistanais. Mais, interrogé par Le Monde, il dit n'avoir jamais été concerné par la partie rétrocommissions du dossier: "Ce n'est pas nous qui imposions les intermédiaires. [Mais] les pays." Par ailleurs, Renaud Donnedieu de Vabres déclare avoir appelé, en juillet 1996, Dominique de Villepin, qui lui a répondu que les écoutes étaient "délimitées et techniques".


Deux autres personnalités, également membres du cabinet Léotard, auraient été mises sur écoute par l'Elysée: le colonel Louis-Pierre Dillais et le préfet Patrice Molle. Seulement, comme le fait remarquer l'ancien préfet, "les rétrocommissions, ça ne passe pas par le cabinet officiel, ça s'est joué dans les circuits parallèles". Reste que le juge Van Ruymbeke ne peut, pour le moment, vérifier l'existence de ces fameuses écoutes. En effet, Matignon lui a refusé une perquisition en ce sens.


http://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Actualite/Karachi-L-Elysee-de-Chirac-aurait-mis-sur-ecoute-certains-acteurs-de-l-affaire-236629

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