mardi 15 mars 2011

La mort obscure d’un expert en antiquités

La semaine prochaine, Jimmy D. avait rendez-vous dans les Cévennes, pour la préparation d’un livre sur une compagnie de chemins de fer locale dont il envisageait de raconter l’histoire. Le 15 avril, il avait prévu son départ pour l’Ouzbékistan. Quinze jours de vacances, à randonner dans la steppe. Deux projets brutalement interrompus dimanche, en début d’après-midi, dans l’appartement du VIe arrondissement parisien de l’homme de 65 ans, rue d’Assas. Un expert réputé des salles de ventes de l’hôtel Drouot
Le corps de Jimmy D. a été trouvé dimanche soir vers 19 h 20 par l’un de ses amis, avec qui il devait dîner. Abandonné, égorgé, dans son lit, au quatrième étage de l’immeuble. Les premières constatations laissent estimer que le décès remonterait au début de l’après-midi de dimanche, et que l’appartement du Quartier latin, situé à quelques pas du RER Port-Royal, n’avait pas été cambriolé. Un inventaire plus détaillé avec l’aide des membres de sa famille sera probablement mené dans les jours qui viennent.


« Un type très pointu »
Originaire d’une petite ville minière du Gard au nord d’Alès, premier des trois enfants d’un électricien d’une houillère des Cévennes, Jimmy D. avait commencé sa carrière comme instituteur en banlieue parisienne. Puis, au hasard des rencontres, il avait pris une autre orientation : « Il y avait un libraire du VIe arrondissement spécialisé dans la médecine qui cherchait quelqu’un pour des recherches destinées à un catalogue sur les instruments scientifiques anciens », raconte son frère Jack. Une occasion qui fera toute sa carrière, puisqu’après avoir intégré cette prestigieuse librairie de livres anciens en tant que salarié puis comme actionnaire, il deviendra un expert respecté auprès de plusieurs commissaires-priseurs dans ce domaine. « C’est un type gentil, carré, très droit, se rappelle un commissaire-priseur parisien en relation avec Jimmy D., et très pointu, notamment sur les microscopes. J’ai un dossier en cours, je ne sais pas à qui m’adresser… Je suis très ému, j’espère que tout ça se résoudra rapidement. »


Ses origines cévenoles et sa spécialité l’amèneront en outre à écrire plusieurs livres. Le premier sur les séjours de Louis Pasteur à Alès pour étudier les maladies du ver à soie. Un second sur Jean-Baptiste Dumas, un Gardois devenu chimiste, puis homme politique. Une vie d’érudit, terminée dans le sang.


Seul et sans enfants
Que s’est-il passé dans cet appartement sur cour, un dimanche en milieu de journée ? La scène découverte par les enquêteurs de la brigade criminelle parisienne ne colle pas avec le portrait des proches, amis et connaissances de Jimmy D., qui décrivent un homme tranquille, retraité depuis trois ans, qu’on voyait se déplacer à bicyclette, habitué de la marche dans le désert… Un cambriolage qui aurait mal tourné ? Une mauvaise rencontre ? Une querelle amoureuse pour cet homme vivant seul, sans enfants ? L’enquête devra le dire.


L’affaire, toute mesure gardée, rappelle celle de la mort, qui avait endeuillé le monde des ventes aux enchères, de Christian Grandin en novembre 2003. L’homme, un commissaire-priseur de 58 ans, avait été retrouvé mort dans la cheminée de son hôtel particulier de la rue Mazarine toute proche. Un jeune homme d’une trentaine d’années, avait avoué le meurtre, expliquant son geste par la colère liée à une déception amoureuse. Jimmy D., décrit par l’un de ses proches comme d’un « caractère pas des plus faciles… Pas caractériel, mais il savait ce qu’il voulait ». Ou ce qu’il ne voulait pas ?


http://www.francesoir.fr/actualite/faits-divers/mort-obscure-d-un-expert-en-antiquites-81914.html

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