mercredi 30 mars 2011

Libye : faut-il armer les rebelles anti-Kadhafi ?

Plus les jours passent, plus la situation militaire en Libye se dirige vers un statu-quo entre forces loyalistes à Mouammar Kadhafi et les insurgés. Offensives et contre-offensives amènent à la percée d'un camp et au reflux de l'autre, puis au contraire. Mercredi matin, l'armée régulière a ainsi repris le terminal pétrolier de Ras Lanouf, perdu il y a quelques jours, et a repoussé les rebelles vers l'Est et leur fief de Benghazi
Bref, malgré les bombardements de la coalition, la menace de l'enlisement pèse de plus en plus sur le conflit. Sur le plan strictement militaire, l'intervention internationale ne semble notamment pas suffisante pour que les rebelles marchent sur Tripoli et renversent par eux-mêmes Mouammar Kadhafi. Même si cet objectif ne faisait pas partie des résolutions de l'Onu, c'est pourtant bel et bien le but ultime.

Obama "évalue"Les Occidentaux commencent donc à envisager d'autres options. La première d'entre elles, l'intervention au sol, est exclue en raison des risques d'enlisement comme en Irak ou en Afghanistan. La seconde, qui consisterait à fournir des armes aux rebelles, est de plus en plus évoquée. Pour l'instant, les insurgés, déjà mal formés et mal encadrés, se battent avec le matériel récupéré à l'armée loyaliste sur les lieux des combats ou dans les dépôts de munitions abandonnés au début de l'insurrection. Ils réclament donc une aide plus conséquente.
Cette question de la fourniture d'armes aux rebelles n'a officiellement pas été abordée mardi lors de la réunion du "groupe de contact" à Londres. Néanmoins, à peine cette rencontre terminée, Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères, présent dans la capitale britannique, a indiqué que la France était "prête à en discuter avec ses partenaires". Un peu plus tard, Barack Obama lui-même a expliqué sur la chaîne NBC qu'il n'"excluait pas" de fournir les insurgés. "Mais je ne dis pas non plus que cela va se faire. Nous sommes toujours en train d'évaluer ce que les forces de Kadhafi vont faire. Si elles sont suffisamment affaiblies, armer les rebelles ne serait peut-être pas nécessaire", souligne le président des Etats-Unis. Mercredi matin, David Cameron, le Premier ministre britannique, s'est joint au mouvement.
Nouvelle résolution nécessaire ?
Problème : cette fourniture pourrait nécessiter une nouvelle résolution de l'Onu. La résolution 1973, qui valide l'intervention et les frappes aériennes, n'aborde en effet pas du tout le problème des armes pour les insurgés. La résolution 1970, la première votée sur la Libye, interdit même la "fourniture directe ou indirecte, la vente et le transfert d'armes ou de matériels connexes de tous types" vers le pays. Même si elle était destinée à éviter que Mouammar Kadhafi ne renforce son arsenal en achetant à l'étranger, elle s'applique de fait aussi au
Conseil national de transition. Certes, la résolution 1973 autorise également "toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils". La fourniture d'armes au CNT pourrait donc s'y intégrer.
Mais pour rester dans la légalité, les leaders de la coalition auraient tout intérêt à passer par le Conseil de sécurité. Où les plus sceptiques, comme la Chine et la Russie, ne manqueront pas de lancer des critiques et de qualifier cette aide militaire aux rebelles d'ingérence dans les affaires intérieures d'un pays souverain. Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, l'a d'ailleurs fait remarquer dès mercredi matin

Aucun commentaire: