vendredi 25 mars 2011

Syrie : des morts dans le Sud, la contestation s'étend

Plusieurs manifestants ont été tués vendredi lors de protestations qui se sont étendues à plusieurs villes de Syrie, malgré l'annonce par les autorités de mesures sans précédent de démocratisation, selon des militants des droits de l'Homme et des témoins. L'annonce du pouvoir prévoyant une possible annulation de l'état d'urgence, des mesures anti-corruption, des libérations d'opposants ainsi qu'une augmentation des salaires des fonctionnaires, ne semble pas avoir calmé la contestation populaire du régime autoritaire en place depuis 40 ans.
Les protestations ont touché plusieurs villes, notamment Deraa, épicentre de la contestation où plus de cent personnes ont été tuées depuis le 18 mars, Sanamein, Daael (sud), la capitale Damas (où, après la prière, à la mosquée des Ommeyades, des dizaines de manifestants sont sortis dans la rue vers le souk Hamadiyeh, en criant "Deraa, c'est la Syrie", "Nous nous sacrifierions pour Deraa", "Dieu, la Syrie, la liberté et c'est tout"), Banias et Hama, selon des militants des droits de l'Homme et des journalistes. Des vidéos sur Youtube ont montré aussi des manifestations à Homs, au nord-est de Damas et à Lattaquieh, alors qu'une page Facebook a fait état de protestations à Deir el-Zor et à Raqa (nord-est).
A Deraa,ville agricole de 200.000 habitants, à 100 km au sud de Damas, une vingtaine de manifestants ont été tués par les tirs des forces de l'ordre, a affirmé vendredi un militant syrien des droits de l'Homme ainsi qu'un témoin cité par Al Djazira. A la sortie de la mosquée après les obsèques de deux manifestants, des fidèles ont croisé des partisans du régime qui leur répondaient "Avec notre sang et notre âme, nous nous sacrifions pour Bachar" al-Assad, le chef de l'Etat, "Dieu, la Syrie, Bachar et c'est tout", a constaté une journaliste de l'AFP.

Le président français Nicolas Sarkozy a appelé vendredi à l'arrêt des violences, jugeant qu'aucune démocratie ne pouvait accepter des tirs contre des  protestataires pacifiques. "Nous disons notre plus grande préoccupation sur la montée de la violence" en Syrie, a dit M. Sarkozy au cours d'un sommet des dirigeants de l'UE à Bruxelles.
Ailleurs
En Jordanie, des milliers de partisans du pouvoir ont manifesté vendredi à Amman, après la prière, pour exprimer leur loyauté au roi Abdallah II, alors que 200 manifestants, islamistes et partisans de gauche, se sont rassemblés pour demander des "réformes du régime". Dans un jardin public au nord-ouest d'Amman, ils étaient des milliers à montrer leur allégeance au roi, brandissant des portraits géants du souverain et des banderoles où l'on pouvait lire "appel au devoir, appel à la nation",  "les réformes passent par la loyauté aux Hachémites" (famille royale jordanienne). Ils ont chanté et dansé dans une ambiance de kermesse, selon un journaliste de l'AFP sur place. Les jeunes Jordaniens qui campent sur une place d'Amman pour réclamer des réformes ont été de nouveau attaqués vendredi par un groupe de loyalistes qui leur ont jeté de grosses pierres, faisant 57 blessés, selon une journaliste de l'AFP.
Au Yémen, des tractations entre le président Ali Abdallah Saleh et l'homme fort de l'armée, le général dissident Mohsen Ali al Ahmar, ont "échoué", ont affirmé vendredi des sources politiques proches des deux parties. L'échec de la rencontre explique le ton particulièrement véhément du président Saleh, lors d'un discours vendredi à Sanaa, contre l'opposition parlementaire, qui anime la contestation populaire qui réclame son départ. Parallèlement, vendredi, l'armée yéménite a tiré en l'air à Sanaa pour tenir à distance des partisans et des opposants au président, qui manifestaient en masse dans les rues de la capitale yéménite, a rapporté un journaliste de l'AFP.

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