dimanche 27 mars 2011

Libye : la marche des rebelles s'accélère, vers un exil de Kadhafi ?

Un dimanche décisif ?
Les insurgés libyens entendaient dimanche faire reculer encore davantage vers l'ouest les forces fidèles au dirigeant Mouammar Kadhafi, au lendemain de la reprise des villes stratégiques d'Ajdabiya et de Brega dans l'est du pays. Il s'agissait des premières victoires majeures des rebelles depuis le début de l'intervention militaire de la coalition internationale le 19 mars. Les opérations internationales se poursuivaient à un rythme élevé: selon le Pentagone, les avions de la coalition ont effectué 160 sorties samedi, contre 153 vendredi. La coalition a ainsi mené des raids aériens intensifs contre les forces pro-Kadhafi sur la route côtière entre Ajdabiya et Syrte, à 400 km plus à l'ouest, a déclaré pendant la nuit un porte-parole du régime. La coalition a également mené des raids aériens sur Syrte, ville natale de Mouammar Kadhafi, et Sebha (sud), selon la télévision libyenne et des témoins. Les avions de chasse français ont réalisé plusieurs frappes dans les régions de Zenten et Misrata, deux villes de l'ouest tenues par les rebelles mais assiégées par les pro-Kadhafi, détruisant notamment "au moins" sept appareils militaires libyens, a annoncé l'état-major français.
Selon la rébellion à Benghazi, Misrata, troisième ville du pays, était toujours soumise à un "pilonnage intensif" des forces pro-Kadhafi. Dans l'est, Ajdabiya, à 160 km au sud de Benghazi, fief de l'opposition, et le bourg pétrolier de Brega, à 80 km plus à l'ouest, étaient dimanche sous le contrôle total des insurgés. A Ajdabiya, les combats ont fait neuf morts et neuf blessés parmi les civils samedi, selon la rébellion, alors qu'à l'extérieur de la ville, les corps d'au moins 21 combattants pro-Kadhafi ont été ramassés et d'autres gisaient encore dans le désert. A Brega, les forces pro-Kadhafi ont déserté la ville, abandonnant pièces d'artillerie et pick-up. Dans le bourg, très calme, quelques traces de combat étaient visibles.
Vers un exil de Kadhafi ?Le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini a présenté dans un entretien à un journal une proposition de solution à la crise en Libye prévoyant l'exil du colonel Kadhafi. "Maintenant que l'ensemble de l'Europe et les Nations unies ont dit que le colonel n'est plus un interlocuteur acceptable, nous ne pouvons pas envisager une solution dans laquelle il resterait au pouvoir", a expliqué M. Frattini au quotidien Repubblica (gauche) de dimanche. "Clairement en cas d'exil de Kadhafi, les choses seraient différentes... Même à l'intérieur du régime, il y a des gens qui travaillent à cette solution", a ajouté le ministre italien. M. Frattini a indiqué que l'Italie présenterait son plan mardi à Londres lors de la réunion prévue du groupe de contact politique sur la Libye. "Nous avons un plan et nous voulons voir si cela pourrait devenir une proposition italo-allemande. Mardi nous aurons peut-être un document commun à mettre sur la table", a expliqué le chef de la diplomatie.
Les USA accusent Kadhafi de manipulationLes forces du colonel Mouammar Kadhafi disposent les corps de leurs victimes sur des sites bombardés par la coalition pour faire croire qu'il s'agit de civils tués par les alliés, a accusé samedi le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, dans un entretien qui sera diffusé dimanche par la chaîne américaine CBS et dont un extrait a été rendu public samedi. Le régime libyen accuse les forces de la coalition d'avoir provoqué de nombreuses victimes civiles mais les pilotes américains et des autres pays engagés font preuve d'une "précaution extrême" pour éviter cela, a-t-il affirmé.
Des migrants venus de Libye arrivent en ItalieLa première embarcation transportant des migrants africains en provenance de Libye, avec à bord près de 300 personnes, est arrivée dans la nuit de samedi à dimanche dans le sud de l'Italie, ont indiqué les garde-côtes et les organisations humanitaires à Lampedusa. Le bateau, le premier à arriver en Italie depuis le début de la rébellion contre le colonel Mouammar Kadhafi, avait quitté Tripoli dans la nuit de jeudi à vendredi, avec à son bord pour l'essentiel des Erythréens et Ethiopiens dont 80 femmes et 12 enfants. L'embarcation qui prenait l'eau et dont le moteur fonctionnait mal, a été accompagnée par les garde-côtes italiens jusqu'à la minuscule île de Linosa, près de Lampedusa, ont indiqué des responsales d'organisations humanitaires sur Lampedusa. Une Ethiopienne qui avait accouché à bord, a été secourue samedi par un hélicoptère militaire italien. Très éprouvée, elle a été transportée avec son bébé à l'hôpital de Lampedusa, puis dans un hôpital sicilien. Une autre femme enceinte a aussi été transportée à l'hôpital de Lampedusa, mais elle a perdu son bébé. Dès leur arrivée à Linosa, les migrants ont été transférés sur un ferry à destination de Porto Empedocle en Sicile d'où ils seront acheminés vers un centre pour demandeurs d'asile.
Et si la coalition armait les rebelles ?Les Etats-Unis et leurs alliés sont en train d'étudier la fourniture d'armes à l'opposition libyenne, a rapporté samedi le Washington Post. L'administration du président Barack Obama estime que la résolution de l'ONU qui a autorisé l'intervention internationale contre la Libye est assez "souple" pour permettre une telle aide en matériel, ajoute le journal qui cite des responsables américains et européens non identifiés. Gene Cretz, ambassadeur américain à Tripoli qui est récemment rentré dans  son pays, a indiqué que les responsables de l'administration étaient en train  d'avoir des discussions sur toutes les options concernant "une aide potentielle que nous pourrions offrir en armes léthales et non léthales". Mais aucune décision n'a été prise, ajoute le quotidien. La France, pour sa part, s'est prononcée pour entraîner et armer les insurgés, selon le Washington Post. L'Egypte, de son côté, fournirait des armes aux rebelles libyens pour combattre les forces du colonel Mouammar Kadhafi malgré l'embargo sur les armes décrété le 26 février par les Nations unies, avait affirmé vendredi le Wall Street Journal.
Les rebelles écrivent à la France pour dire "merci"Le dirigeant du Conseil national de transition (CNT, opposition libyenne), a écrit au président Nicolas Sarkozy pour le remercier de son action, qualifiant les soldats français de "libérateurs", mais réaffirmant ne pas vouloir de "forces extérieures" sur le sol libyen. "Vos avions, en pleine nuit, ont détruit les chars qui s'apprêtaient à  martyriser Benghazi et à entrer dans la ville sans défense. Le peuple libyen voit en vous des libérateurs. Sa reconnaissance envers vous sera éternelle", a écrit Mahmoud Jibril, président du CNT, dans une lettre publiée samedi dans Le Figaro. "Nous ne voulons pas de forces extérieures. Nous n'en aurons pas besoin. Nous allons, grâce à vous, gagner la première bataille. Nous gagnerons, par nos propres moyens, la bataille suivante. Notre libération est pour demain. Il nous faut seulement un peu de temps", a-t-il souligné.
Obama satisfait de la mission internationaleLe président américain Barack Obama a déclaré samedi que la mission internationale en Libye était "claire, ciblée et en train de réussir". "Ne vous y trompez pas: parce que nous avons agi rapidement, une catastrophe humanitaire a été évitée et les vies d'innombrables civils innocents, hommes, femmes et enfants, ont été sauvées", a déclaré lors de son intervention hebdomadaire à la radio et sur l'internet le président Obama, soumis à une pression croissante pour expliquer la stratégie américaine en Libye. Lorsque des innocents sont brutalisés par un dirigeant comme Mouammar Khadafi qui menaçait d'un "bain de sang" et quand des pays sont prêts à réagir, "il est de notre intérêt national d'agir", a soutenu M. Obama.

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