vendredi 18 mars 2011

Quelle action militaire en Libye ?

Attendant des actes et non des mots du colonel Kadhafi, la coalition menée par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, avec la participation du Qatar, pour intervenir en Libye, prenait forme vendredi. Le porte-parole du gouvernement français François Baroin a évoqué des raids aériens, qui devaient intervenir "rapidement", "dans quelques heures", sans préciser "quand, comment, sur quelles cibles, sous quelles formes", avec une participation française, britannique et américaine à prévoir.
Autres contributions : la base italienne de Sigonella, en Sicile, devrait être mise à disposition, les Français pouvant, eux, utiliser leur base de Solenzara, en Corse du sud. D'autres pays de l'Alliance atlantique -le Canada, la Norvège, le Danemark et la Belgique- ont à titre individuel fait part de leur intention de se joindre à la coalition, en lui apportant avions de transport, chasseurs-bombardiers F-16 ou F-18 et frégate ou navire chasseur de mines, pour participer aux raids ou soutenir une opération humanitaire. Six CF-18 canadiens devraient être sur place dès vendredi pour contribuer à la zone d'interdiction de vol dans l'espace aérien libyen. D'autres, comme le Danemark et la Norvège, doivent cependant encore obtenir l'aval de leur Parlement ou formaliser la décision avant de pouvoir concrétiser leurs engagements.
Quelle place pour l'Otan ?
Seule réaction plus confiante, celle de l'Allemagne, abstentionniste au vote du Conseil de sécurité de l'ONU n'étant pas favorable a l'usage de la force en Libye. Les premières informations sur la réaction de Kadhafi sont "encourageantes", a jugé la chancelière allemande Angela Merkel. Berlin pourrait cependant contribuer indirectement à l'opération en Libye en envoyant davantage de pilotes d'avions de reconnaissance en Afghanistan, ce qui libérerait des équipages américains pouvant être à leur tour affectés à des missions en Libye.

L'alliance occidentale de l'Otan, partagée depuis des semaines sur l'opportunité d'une
intervention, s'est bornée vendredi à décider d'"accélérer sa planification", selon un responsable allié. L'Otan qui doit se réunir sous peu pour en décider, tandis que Paris a répété vendredi ne pas vouloir d'une implication de l'Otan. Si le veto allemand ne semble plus à redouter, reste que la Turquie s'est dite dès le départ hostile à toute intervention de l'Otan sur la rive sud de la Méditerranée. Quant à la France, peu favorable à une extension de la zone d'intervention de l'Otan en Afrique du nord, elle a toujours privilégié une coalition de volontaires à laquelle participeraient des pays arabes, comme le Qatar qui a confirmé son intervention, ou les Emirats arabes unis. Pour ce faire, un sommet UE-Union africaine-Ligue arabe sur la Libye se tiendra samedi à Paris en présence du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. "Tout est prêt" pour une intervention mais ce sommet de samedi à Paris permettra "d'analyser" la déclaration de cessez-le-feu de Tripoli et d'en "tirer les conclusions", a commenté Alain Juppé en sortant d'une réunion à Matignon vendredi après-midi (Rendez-vous samedi : lire notre article).

L'Union européenne envisage pour sa part d'apporter un soutien essentiellement humanitaire en Libye mais qui pourrait prendre la forme d'une opération militaire dans le cadre de l'assistance aux réfugiés, selon des diplomates européens.
L'armée française attend les ordres
En attendant les ordres donnés en plus haut lieu, l'armée française se déclarait vendredi fin prête, située à moins de deux heures de vol et un jour et demi de mer de son territoire. Actuellement basé à Toulon, le porte-avions français Charles-de-Gaulle se tient prêt, de même que le groupe aéronaval - un sous-marin, une demi-douzaine de bateaux et une quinzaine d'avions de chasse - appelé à l'accompagner s'il devait prendre la mer. Situé à un jour et demi de mer des côtes libyennes, le port varois accueille environ les deux-tiers de la force d'action navale de l'armée française à quai.

Dans une configuration standard, le groupe aéronaval comprend, outre le Charles-de-Gaulle, une frégate anti sous-marine, une frégate de défense aérienne, une frégate d'accompagnement, un pétrolier ravitailleur et un sous-marin d'attaque. Lors de sa dernière mission, le fleuron de la Marine française, sur lequel sont embarqués environ 2.000 militaires, avait à son bord une quinzaine d'aéronefs parmi lesquels des
Rafale, des Super Etendard et des Hawkeye. En cas d'intervention aérienne en Libye, les avions peuvent décoller de France, a précisé un porte-parole de l'armée de l'Air. "A raison de 900 km/h, on serait à moins de deux heures". De Cambrai à Saint-Dizier en passant par Creil, Luxeuil, Dijon et Nancy, toutes les bases aériennes du pays sont mobilisables.

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