samedi 4 septembre 2010

Bienvenue au casino Bettencourt

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« Un pacte de corruption » a-t-il scellé un accord secret entre Françoise Bettencourt-Meyers et Claire Thibout, l'ex-comptable de ses parents congédiée en 2008 ? C'est la lecture qui peut être faite de la lettre publiée par Le Figaro, vendredi. Ce courrier, adressé le 11 juillet 2007 à celle qui était sur le point d'être licenciée, fait état d'un « engagement » entre les deux femmes, sous réserve, et moyennant finance, que l'employée « apporte, le moment venu, (son) concours » à la fille de la milliardaire - « (…) sauf en cas de mauvaise foi manifeste de votre part dans l'exécution du présent accord, (...) nous prenons l'engagement formel de vous régler personnellement et sans délai le complément éventuel entre la somme qui vous serait réglée par votre employeur à titre d'indemnité de rupture dans le cadre de ce licenciement et celle de 800.000 € nets ».

A cette époque, André Bettencourt, qui n'a plus que quelques mois à vivre, et son épouse Liliane fréquentent assidûment l'artiste François-Marie Banier. Une amitié que leur fille unique juge intrusive, soupçonnant même que l'écrivain-peintre-photographe profite de la vulnérabilité de sa mère. Et de ses largesses – près d'un milliard d'euros en divers « cadeaux » et un contrat de plus de 700.000 € par an en tant que conseiller de L'Oréal. Claire Thibout s'en serait ouverte à Françoise Bettencourt-Meyers, se plaignant en outre de l'homme de confiance de Mme Bettencourt, Patrice de Maistre. Et, dans ce contexte, a accepté l'accord avec la fille de la milliardaire.

Genèse
Trois ans plus tard, le contenu de cette missive – remise par Claire Thibout à la juge de Nanterre (Hauts-de-Seine) Isabelle Prévost-Desprez – remet en perspective la genèse du feuilleton Bettencourt. Car, il faut s'en souvenir, l'affaire a débuté avec la plainte pour abus de faiblesse de Françoise Bettencourt-Meyers contre François-Marie Banier, un mois après le décès de son père.

En juillet 2009, Françoise Bettencourt-Meyers et son avocat, Me Olivier Metzner, las d'attendre le résultat des investigations du procureur de Nanterre Philippe Courroye, passent à la vitesse supérieure: ils citent Banier devant le tribunal correctionnel. Un procès qui devait se tenir le 1er juillet dernier devant la juge Prévost-Desprez et finalement reporté en raison de la publication d'un élément explosif. Le 16 juin, en effet, le site Mediapart met en ligne les enregistrements pirates réalisés par l'ex-majordome de Liliane Bettencourt - premier acte d'une pièce qui, rapidement, va éclabousser Eric Woerth.

Services rendus
Pèle-mêle, l'actuel ministre du Travail est soupçonné d'être intervenu, alors qu'il officiait à Bercy (entre mai 2007 et juin 2009), dans le dossier fiscal de Mme Bettencourt, dont on découvre certains avoirs à l'étranger et une île aux Seychelles. On l'accuse ensuite d'avoir favorisé l'embauche de sa femme Florence au sein de Clymène, la société qui gère la fortune Bettencourt. Et remercié Patrice de Maistre, employeur de son épouse, en le décorant de la Légion d'honneur. Le ministre, deux mois durant, a tergiversé et démenti. Mardi dernier, Le Canard Enchaîné et L'Express démontraient le contraire: Eric Woerth, dans un courrier daté et signé de sa main rappelle les services rendus par Maistre, non lors de l'embauche de sa femme mais dans le cadre de fonds récoltés par l'UMP – dont Woerth était trésorier – pour soutenir la candidature de Nicolas Sarkozy.

Rien, au début de l'affaire, en 2007, ne laissait présager que l'ire de Françoise Bettencourt-Meyers à l'encontre de François-Marie Banier pourrait, trois ans plus tard, mettre en péril la carrière d'un ministre. Qu'elle attiserait des rancunes tenaces. De celles qui diviseront durablement le procureur Courroye et la juge Prévost-Desprez qui disposent chacun de leur groupe d'enquêteurs à la brigade financière, ou les éminents pénalistes que sont Mes Georges Kiejman – conseil de Liliane Bettencourt - et Olivier Metzner. Sans parler d'une mère et de sa fille.

http://www.francesoir.fr/faits-divers-politique/bienvenue-au-casino-bettencourt.17385

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