lundi 14 juin 2010

Assises du Haut-Rhin: l'ancien légiste, "innocent", refuse de répondre

Jean-Louis Muller, un ancien légiste jugé en appel à Colmar après une condamnation à 20 ans de réclusion pour le meurtre de sa femme, s'est proclamé "innocent" lundi, déclarant devant la cour d'assises du Haut-Rhin qu'il avait décidé de ne plus répondre aux questions.

Le 8 novembre 1999, son épouse Brigitte Muller, une documentaliste de 42 ans, avait été retrouvée morte au sous-sol du domicile conjugal d'Ingwiller (Bas-Rhin), une plaie béante à la tête et le 357 Magnum de son époux à ses pieds.

"Je suis innocent, je n'ai rien de plus à dire", a déclaré l'accusé, 54 ans, après une "déclaration solennelle" de Me Thierry Moser qui le défend avec Mes Pierre Schultz de Mulhouse et Francis Saint-Pierre du barreau de Lyon.

"Mes deux confrères et moi-même participerons largement aux débats mais notre mandant qui a été maltraité depuis le début par l'institution judiciaire gardera le silence, il n'a pas à démontrer son innocence", a indiqué Me Moser lors de cette première journée d'audience.

Les trois avocats ont lié le refus de répondre de leur client à la décision prise en matinée par la cour de "surseoir à statuer" à leur demande pressante et répétée d'organiser "une reconstitution sur la scène des faits et cela durant ce procès" qui doit s'achever le 23 juin.

"M. Muller entend ne pas répondre aux questions, ce n'est pas un caprice ou un manque de respect, il applique un droit prévu par la loi", a martelé Me Moser. L'avocate générale Madeleine Simoncello a fait observer que "M. Muller sait parler" et qu'il n'avait pas été avare de déclarations à une chaîne de télévision lors du premier procès en 2008.

L'adjudant-chef de gendarmerie Patrick Wolfert, présent lors des premières constations sur place, a été le premier témoin cité lundi à la barre où vont se succéder de nombreux experts ces prochains jours.

"L'arme à barillet était propre. J'ai constaté un impact de balle sur le mur", a déclaré le gendarme qui s'est parfois excusé de ne "plus avoir toutes les choses en tête". Il a commenté des photos de l'enquête montrant des traces de sang ou des impacts organiques sur les murs et le mobilier alors que les proches de la victime, remués, quittaient la salle.

Plus de six ans d'instruction, ponctués d'une vingtaine d'expertises souvent contradictoires, avaient révélé un climat houleux dans le couple: selon des proches, Brigitte, qui venait de rencontrer un autre homme, envisageait de quitter son époux et n'était pas dans un état suicidaire.

Dans le dossier, plusieurs éléments matériels apparaissent incompatibles avec l'hypothèse du suicide, comme l'absence d'empreintes digitales de Brigitte sur l'arme et la faible présence de particules de résidus de tir découvertes sur la victime alors que des traces de poudre avaient été retrouvées sur son époux.

Les avocats du docteur Muller, qui est l'auteur d'une thèse sur "les effets des projectiles de petit calibre", jugent la thèse du meurtre "matériellement impossible".

Ils ont organisé en mars une reconstitution "privée" qui a conclu que l'hypothèse du suicide était "la plus compatible" avec les éléments matériels du dossier. L'auteur de cette reconstitution non contradictoire, le professeur suisse Patrice Mangin, est attendu avec intérêt mercredi matin à Colmar alors que la journée de mardi sera largement consacrée aux expertises balistiques.
http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2010-06-14/assises-du-haut-rhin-l-ancien-legiste-innocent-refuse-de-repondre/920/0/466565

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