samedi 26 juin 2010

Corse : le curé ripou condamné à trois ans de prison

Un ancien prêtre a été condamné samedi à trois ans de prison dont un avec sursis par le tribunal correctionnel d'Ajaccio pour avoir détourné durant vingt ans deux millions d'euros, essentiellement au détriment de l'Eglise catholique de Corse. Il a aussi été condamné à 100 000 euros d'amende et interdit de droits civiques pendant trois ans.

A 64 ans, Antoine Videau qui était l'économe de l'association diocésaine d'Ajaccio dépendant de l'évêque pour la Corse, a été arrêté et incarcéré en vertu d'un mandat de dépôt à la barre prononcé par le tribunal qui a suivi les réquisitions du procureur Thomas Pison contre ce «cas d'école en matière d'abus de confiance».

28 comptes en banques

Ancien curé du village de Calacuccia (Haute-Corse), Antoine Videau était imposé sur la fortune. Il possédait 28 comptes en banque en Corse et sur la Côte d'Azur, un important patrimoine immobilier dans l'île et sur le continent où il roulait... en Ferrari ! Pendant vingt ans, il a joué sur de nombreux registres de l'escroquerie: détournements de fonds, encaissement de loyers non déclarés, pots-de-vin, prêts d'argent, immobilier...

Manipulateur et cynique, ce «prédateur», selon le procureur, n'a aucun moment reconnu ces nombreuses malversations, lâchant même à l'audience que «entre charité et bêtise», il ne voyait pas la différence. Il avait finalement été interpellé en 2005 puis mis en examen pour gestion opaque du diocèse et des détournements massifs de chèques de fidèles.

Son avocat dénonce une «cabale»

Vivant en couple avec une femme résidant à La Ciotat (Bouches-du-Rhône), il déposait une partie des fonds sur des comptes au nom de celle-ci. L'ancien curé percevait les loyers non déclarés de chambres louées dans des locaux appartenant à l'Eglise à Ajaccio et dans un couvent qu'il avait fait restaurer à grands frais à Calacuccia. Il encaissait encore des fonds versés par les fidèles pour des pélerinages et voyages en Corse, sur le continent et à l'étranger, comme un «séjour culturel» à Las Vegas.

Qualifié de «Tartuffe» par Me Angeline Tomasi, avocate de la partie civile, il a enfin spolié d'au moins 550 000 euros les héritiers d'un archevêque corse mort à Rome qui en avait fait son exécuteur testamentaire.

Son avocat, Me Jean-Michel Mariaggi, a dénoncé la «cabale» montée contre lui. Evoquant des difficultés enregistrées dans d'autres diocèses, notamment dans l'est de la France, il a rappelé que «l'Eglise n'a jamais fait diligence dans la tenue de sa comptabilité».

Le comptable de l'association diocésaine, Bruno Servas, 56 ans, a également été condamné à un an avec sursis et 30 000 euros d'amende pour abus de confiance et faux et usage de faux lui ayant permis d'empocher près de 100 000 euros. Une employée de maison de l'association diocésaine, Marie-Thérèse Zavani, 64 ans, qui a bénéficié de 12 000 euros détournés, a été condamnée à six mois avec sursis et à rembourser les sommes encaissées.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/corse-le-cure-ripou-condamne-a-trois-ans-de-prison-26-06-2010-978834.php

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