lundi 14 juin 2010

Faux braquages, mais vrais soutiens d'Al-Qaïda ?

Un braquage mis en scène, un million d'euros envolé : la cour d'assises spéciale de Paris juge à partir de ce lundi une affaire peu banale de financement de la mouvance islamiste radicale salafiste. Dans le box, quatre accusés : Hassan Baouchi, Fred Gustave et les frères Khalid, Djamel et Zine Eddine. Un autre prévenu, en fuite, Abdelnasser Benyoucef, doit être jugé par défaut.

Les faits remontent au 1er mars 2004. Ce jour-là a lieu une rocambolesque série de vols. Plus d'un million d'euros sont dérobés dans divers coffres et distributeurs automatiques de billets de plusieurs agences bancaires de Seine-Saint-Denis. L'argent ne sera jamais retrouvé. Hassan Baouchi, l'employé de la Brink's chargé d'alimenter les distributeurs, prétend alors avoir été enlevé et séquestré par trois malfaiteurs qui l'auraient contraint à leur remettre les fonds. Les braqueurs, des "professionnels" selon lui, auraient fait pression en lui montrant une photo de ses proches. Ligoté, il serait parvenu à se défaire de ses liens, avant de donner l'alerte.

Les contradictions de la "victime"

Face à un récit confus et parfois contradictoire, les policiers parisiens de la Brigade de Répression du Banditisme le placent en garde à vue, avant de devoir le remettre en liberté au bout de deux jours. Mais quelques mois plus tard, la version du "technicien dabiste" est mise à mal. Un homme placé en garde à vue dans une procédure distincte liée à des faits terroristes, Fred Gustave, dénonce le stratagème. Selon ce converti à l'islam, Hassan Baouchi n'a jamais été menacé, mais au contraire a participé au vol, puis menti aux enquêteurs. Dans la foulée, le repenti donne deux autres noms : Zine Eddine Khalid et Abdelnasser Benyoucef, qui auraient également participé aux vols. Alors que le premier a été écroué à Villepinte, le second est en fuite. Un mandat d'arrêt à été lancé à son encontre. Fred Gustave est lui soupçonné d'avoir gardé une partie du magot à son domicile, magot que lui aurait transmis Djamel Khalid.

Poursuivis pour "vol en bande organisée", incrimination classique en matière de braquage, les cinq hommes ont également été renvoyés devant les assises pour "association de malfaiteurs à visée terroriste" et "financement du terrorisme". Certains sont soupçonnés d'avoir des liens avec le Groupe islamiste des Combattants marocains, groupe salafiste lié à Al-Qaïda, qui aurait commandité les attentats de Madrid (191 morts le 11 mars 2004) et de Casablanca (Maroc, 45 morts le 16 mai 2003). Détenu depuis novembre 2004 à Fleury-Mérogis, Hassan Baouchi est lui-même le frère de Mustapha Baouchi, condamné à 10 ans de prison en 2007 pour avoir participé au soutien logistique des auteurs des attentats de Casablanca. Zine Eddine Khalid a lui été déjà condamné à 10 ans d'emprisonnement dans l'affaire des filières tchétchènes. Avec Djamel, ils sont frères de Redouane Khalid, l'un des Français un temps détenus dans la base américaine de Guantanamo.
http://lci.tf1.fr/france/justice/2010-06/faux-braquages-mais-vrais-soutiens-d-al-qaida-5880939.html

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