mercredi 23 juin 2010

Cocaign, le détenu cannibale, a eu une "montée d'adrénaline"

Nicolas Cocaign a décrit mercredi au troisième jour de son procès devant la Cour d'assises de la Seine-Maritime "la montée d'adrénaline" qui l'a conduit à tuer son co-détenu de la maison d'arrêt de Rouen et à manger une partie de ses poumons "pour goûter de la chair humaine". Le drame s'est produit le 2 janvier 2007 alors que Thierry Baudry, 31 ans, revenait des toilettes de la cellule de 11 mètres carrés que tous deux partageaient avec un troisième détenu. "Je lui dis : 'va te laver les mains'. Il le fait. A ce moment, il me lance un regard méchant", raconte Nicolas Cocaign, 35 ans au moment des faits. L'accusé qui dit être devenu "incontrôlable" rejoint alors sa future victime sur son lit : "J'ai eu une pulsion sexuelle, une montée d'adrénaline. Je le déshabille. Les coups pleuvent, avec les pieds, les poings".
Puis, Nicolas Cognain va chercher une lame de ciseaux et lui porte "une dizaine de coups sur le dos, le cou et le thorax". Il prend ensuite des sacs-poubelles et l'étouffe "durant cinq minutes" pour s'assurer de sa mort. Un peu plus tard, il décide de se faire son repas du soir et c'est à ce moment, selon lui, que lui vient l'idée de manger le coeur de sa victime : "Je prends une lame de rasoir et je lui ouvre la poitrine. J'enfonce ma main et je lui prends ce que je croyais être le coeur, mais qui était en fait un morceau depoumon que je mets dans un tupperware". Nicolas Cogaign en mange une partie crue puis fait cuire le reste dans une poêle avec des oignons. "Je l'ai fait par curiosité pour manger de la chair humaine", assure-t-il.

La "dangerosité" du Cocaign pas pris en compte par la prison

Mardi, les débats avaient essentiellement tournés autour des dysfonctionnements au sein de la maison d'arrêt de Rouen. "Cet établissement évoluait dans un contexte de surpopulation chronique qui sans atteindre le chiffre de 140% de détenus relevé en 2004 atteignait les 119,31% au premier janvier 2007", selon ce rapport réalisé juste après les faits par l'Inspection des services pénitentiaires. Les enquêteurs évoquent notamment des cellules de 11 m2 où étaient incarcérés jusqu'à trois détenus. C'était le cas de celle occupée par Nicolas  Cocaign, 36 ans, et de sa victime Thierry Baudry, 31 ans, qui hébergeait un troisième détenu, David Lagrue, 35 ans, mis hors de cause dans ce crime.  

Me Etienne Noël, l'avocat de la famille Baudry, estime que l'administration  pénitentiaire n'a pas tenu compte dans ce regroupement de la "dangerosité" de  l'accusé et de la "vulnérabilité" de la victime signalée lors de son incarcération. Yves Bidet qui était directeur de la maison d'arrêt au moment des faits reconnaît aujourd'hui que ce placement constituait une "erreur" même si les trois hommes avaient demandé à être regroupés. "C'est un métier humain. C'est un métier d'humains. On brasse de la matière humaine. Il restera toujours une faille. L'homme n'est pas prévisible", dit-il en guise d'explication. Sandrine Flao, chef de la division 2 de la maison d'arrêt où le crime a été commis, reconnaît que l'administration répond plutôt favorablement à ces demandes de regroupement, compte-tenu de la surpopulation. "Quand des détenus veulent être à trois on ne va pas dire non parce que cela nous fait gagner de la place", dit-elle.

Les enquêteurs ont par ailleurs pointé l'absence de circulation de  l'information qui n'a pas permis aux services de la maison d'arrêt de Rouen de connaître la "dangerosité" de l'accusé. Cette dangerosité avait conduit Nicolas Cocaign à faire l'objet d'une mesure d'hospitalisation d'office, à la demande de ses parents adoptifs, à sa sortie en 2005 du centre de détention de Val-de-Reuil (Eure) où il venait de purger une peine de cinq ans de prison pour des faits de violence. Elle avait été signalée à nouveau quelques mois plus tard par un psychiatre commis par un juge qui instruisait des faits d'agressions sexuelles reprochés à Nicolas Cocaign. "Il se construit un monde délirant, s'estimant avoir des droits sur les autres et débordant des limites des interdits", disait ce psychiatre en insistant sur la caractère "dangereux" du sujet qui pourrait "aller jusqu'au crime", selon ses termes. Cette mesure d'hospitalisation d'office n'avait pas été signalée à la maison d'arrêt. Le verdict est attendu jeudi.
http://lci.tf1.fr/france/justice/2010-06/cocaign-le-detenu-cannibale-a-eu-une-montee-d-adrenaline-5896676.html

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