Toute une famille décimée au couteau de boucher : le quadruple meurtre familial de Thorigné-sur-Dué, en septembre 1994, avait rapidement été qualifiée de "massacre". Au centre de l'affaire, un homme : Dany Leprince. Les victimes étaient son frère, de sa belle-soeur et de deux de ses nièces ; seule Solène, deux ans, avait miraculeusement échappé à la tuerie. Accusé à la fois par sa femme et sa fille - mais dans des versions évolutives, selon ses avocats - il avait avoué en garde à vue le meurtre de son frère, avant de se rétracter. Le 16 décembre 1997, Dany Leprince, seul prévenu dans cette affaire, était condamné par la cour d'assises de la Sarthe à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans. Il est depuis en prison où il clame toujours son innocence.
Pourtant, pour Roland Agret, président d'Action Justice qui lutte contre les erreurs judiciaires, le dossier ne tient pas. Contacté par la mère de Dany Leprince - laquelle s'est suicidée depuis - il a mené sa contre-enquête et bataillé ferme durant cinq ans durant pour démontrer l'innocence du condamné. Longtemps membre du comité de soutien de Dany Leprince, il l'a finalement quitté il y a quelques mois après des frictions avec la nouvelle épouse de Dany Leprince, Béatrice, désormais au coeur du comité. Fin mars, cette dernière que son mari, qu'elle a épousé en prison en 2008, est plus déterminé "que jamais" à prouver son innocence. Depuis sa cellule, Dany Leprince a demandé que soit saisie la commission de révision afin de faire annuler sa condamnation. Ce jeudi, ses avocats vont tenter de la convaincre de rouvrir le dossier de leur client incarcéré depuis 16 ans.
Les révisions de condamnations restent rares
En avril 2006, la commission de révision a ordonné un supplément d'information et désigné un magistrat pour superviser une nouvelle enquête. Les avocats de Dany Leprince, Yves Baudelot et Jean-Denis Bredin, ont notamment demandé l'analyse ADN de cheveux retrouvés dans la main d'une des victimes. Ce sont les résultats de ces expertises qui vont être examinés par la commission. Selon la défense de Dany Leprince, ces nouvelles analyses, réalisées à l'aide de techniques dont on ne disposait pas dans les années 90, ont permis d'identifier d'autres traces d'ADN qui tendraient à innocenter le condamné. De telles audiences se déroulent généralement à huis clos. La décision, quant à elle, devrait être mise en délibéré à quelques semaines.
Il revient à la commission de dire si elle saisit ou non la Cour de révision, seule habilitée en France à annuler les condamnations pénales. Si la commission rendait un avis favorable, il reviendrait ensuite à la Cour de révision de rejeter la requête de Dany Leprince, de décider d'un nouveau procès ou d'annuler purement et simplement sa condamnation. Les révisions de condamnations pénales restent toutefois rares en France : depuis 1945, six accusés ont bénéficié d'une révision, décrochant finalement l'acquittement après un nouveau procès. Mais tout récemment, le 13 avril dernier, la Cour a prononcé coup sur coup deux nouvelles révisions, celles de Marc Machin et de Loïc Sécher ; les deux hommes doivent encore être rejugés par une cour d'assises avant de pouvoir être définitivement blanchis.
http://lci.tf1.fr/france/justice/2010-06/dany-leprince-aura-t-il-droit-a-un-nouveau-proces-5884279.html
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