lundi 21 juin 2010

L'Equipe contre l'équipe de France

Le journal est à la pointe de l'attaque anti-Bleus depuis quelques jours - et particulièrement depuis qu'il a remonté en Une les insultes de Nicolas Anelka. Une stratégie assumée et payante
C'est un journal en ébullition, un quotidien en mutation, qui passe au karcher depuis plusieurs jours maintenant l'équipe de France de football. Jamais L'Equipe, dans sa très longue histoire, n'avait osé brûler comme il le fait, sans fioritures, l'un des symboles nationaux et le premier pilier de ses ventes. Jour après jour, depuis une semaine, ce journal, si longtemps inféodé aux puissantes fédérations sportives, déboulonne tranquillement et sans la moindre retenue des Bleus qu'il avait installé sur un piédestal au lendemain des Coupes du monde de 1998 et de 2006.

C'est ainsi que la publication, samedi en Une, des propos injurieux de Nicolas Anelka tenus à l'encontre de Raymond Domenech (voir photo ci-dessus) ont non seulement engendré une crise politico-sportive jamais vu en France, mais déclenché une polémique au sein de la profession (ici ou ici, notamment), avec cette question: fallait-il ou non retranscrire, aussi littéralement, des propos à ce point insultant? Interrogé, le directeur de L'Equipe, François Morinière, assume totalement ce choix, indiquant que cette question a fait l'objet d'un long débat en conférence de rédaction: "Dès lors que toutes les vérifications avaient été faites et que l'affaire nous semblait gravissime, nous avons décidé de tout relater, sans rien omettre et en toute transparence".

Et ce n'est pas fini. L'Equipe entend en effet poursuivre son travail d'enquête et lever le voile sur toutes les coulisses d'une affaire qui semble passionner les lecteurs, puisque les ventes du quotidien dépassent, depuis quelques jours, les 500 000 exemplaires de moyenne. Cette stratégie, faite de transparence et de pugnacité, n'est pas le fruit d'un emballement soudain au sein d'une rédaction trop souvent accusée, par le passé, de "rouler" pour les institutions sportives, pour taire les affaires de dopage dans le milieu du vélo ou les scandales dans le monde du football.

Décidée à endiguer l'érosion croissante des ventes, la nouvelle équipe dirigeante du quotidien, installée il y a moins de deux ans, a dû opérer un virage éditorial à angle droit. Retour à l'enquête, abandon des comptes rendus de matches au kilomètre et rupture avec les institutions sportives: sous la baguette de Fabrice Jouhaud, le journal a changé radicalement de ton et de style. Une politique que paraît approuver son propriétaire, le groupe Amaury: soucieux de protéger sa poule aux oeufs d'or, il a décidé de laisser la bride sur le cou aux pilotes du journal, tant que cette stratégie restera payante. C'est indubitablement le cas aujourd'hui.
http://www.lexpress.fr/actualite/sport/l-equipe-contre-l-equipe-de-france_900644.html

Aucun commentaire: