mardi 22 juin 2010

Incidents au procès des émeutiers de Villiers-le-Bel

Ambiance tendue lundi à Pontoise (Val d'Oise), à l'ouverture du procès de cinq jeunes, accusés d'avoir tiré sur des policiers lors des émeutes de Villiers-le-Bel en novembre 2007. Alors que de nombreux policiers étaient déployés à l'intérieur et aux alentours du palais de justice, l'un des prévenus a été évacué dans l'après-midi pour avoir proféré des insultes.
«Pourquoi étiez-vous sur les nerfs lors de votre audition ?», lui demande la présidente Sabine Foulon après lecture d'un procès-verbal de sa garde à vue.

Abderhamane Kamara, 29 ans, qui depuis quelques minutes répondait de façon sporadique et tendue, explose: «Vous venez chez moi, vous explosez ma porte, vous m'accusez de meurtre et ces fils de p... du quartier disent que c'est moi. Et vous voulez que je sois calme ?».

«Bande de p..., fils de p... »

Il enchaîne les insultes sans que l'on sache vraiment à qui elles sont destinées. De plus en plus agressif dans le box, un de ses codétenus, Ibrahima Sow tente de le calmer. «Bande de Pédés, fils de P...», lance le prévenu avant d'être évacué par les forces de l'ordre.

«Je vous remercie d'avoir tenté de le calmer, mais ce n'est pas à vous de le faire», a déclaré la présidente à Ibrahima Sow avant de suspendre l'audience pour un quart d'heure.

Dans la matinée, c'est le manque de place dans la salle d'audience qui avait irrité la défense. La plupart des familles et proches des accusés n'ont pas pu pénétrer dans la salle, où s'entassaient journalistes et plusieurs dizaines de policiers.

Appels à témoins rétribués

Le 25 novembre 2007, la mort de deux adolescents - Moushin et Lakamy - tués à Villiers-le-Bel dans une collision entre leur moto et une voiture de police avait provoqué deux jours d'émeutes et d'échauffourées entre jeunes et forces de l'ordre. Les policiers avaient payé un lourd tribut. Une centaine ont été blessés par des tirs d'armes à feu et des jets de pierres et de bouteilles, un commissaire a été roué de coups, des bâtiments publics et des commerces détruits. Plus de 90 policiers se sont portés parties civiles.

Malgré la présence d'une foule nombreuse lors des évènements, la police judiciaire a dû lancer un appel à témoins en promettant de l'argent. Les témoignages, anonymes pour la plupart par peur de représailles, ont abouti à une série d'interpellations. Ils sont ainsi cinq à comparaître pour deux semaines aux assises du Val d'Oise. Quatre jeunes, incarcérés, sont jugés pour «détention et port d'armes prohibés » et pour «tentative de meurtre en bande organisée» sur des policiers. Le cinquième, sous contrôle judiciaire, est soupçonné d'avoir fourni un fusil à pompe.

La semaine dernière, des rapports accablants de commissions mises en place par le ministère de l'Intérieur pointaient un «dialogue rompu» dans les banlieues difficiles entre jeunes et forces de l'ordre.
http://www.leparisien.fr/val-d-oise-95/incidents-au-proces-des-emeutiers-de-villiers-le-bel-21-06-2010-972704.php

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