lundi 21 juin 2010

Des victimes loin des yeux, loin des coups

Le Sénat examine mardi un texte de loi qui permettra d'éloigner les conjoints violents...
Finalement, Thierry* aura eu besoin de huit mois pour « comprendre ». Huit mois éloigné de sa femme pour oublier une seule soirée de violences alcoolisées dans la banlieue de Saint-Pierre, sur l'île de la Réunion. «Quand elle a porté plainte, ils m'ont envoyé dans un centre, raconte ce grand gaillard la voix encore troublée par l'émotion. Au début, je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais plus la voir. Aujourd'hui, si…» Expérimentée dans plusieurs villes de France, l'éviction des conjoints violents devrait être entérinée par une loi d'ici à la fin du mois. Déjà adopté par l'Assemblée nationale, le texte est examiné par le Sénat à partir de mardi.

8 % des femmes portent plainte
En décidant d'éloigner les auteurs de coups et non plus les victimes, les élus opèrent un virage à 180° dans la lutte contre les violences conjugales. Jusqu'ici, ce sont bien souvent les femmes qui quittent le domicile conjugal. «Combien de fois les avons-nous vues arriver en pleurs, en pleine nuit, avec les valises et les enfants sous le bras!», témoigne ainsi Jean-Yves Jalain, directeur d'un centre d'écoute à Lille.

Unanimes, les parlementaires PS et UMP ont pris conscience du problème en jetant un simple coup d'œil aux derniers chiffres sur le sujet: 156 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint en 2008 et surtout seules 8% des victimes, en moyenne, portent plainte.

En créant une «ordonnance de protection» des victimes, les élus espèrent faire augmenter la dernière statistique. Une fois votée, la proposition de loi permettra en effet aux juges d'éloigner l'auteur des coups ou de reloger la victime si elle désire quitter le domicile conjugal. Qu'elle soit mariée, pacsée, concubine ou même sans-papiers. «Mais il faut encore intensifier la prise en charge des conjoints violents, réclame un responsable du centre de Saint-Pierre. On a remarqué qu'une fois sortis du centre, un tiers d'entre eux se retrouvaient à la rue…»
http://www.20minutes.fr/article/579703/Des-victimes-loin-des-yeux-loin-des-coups.php

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