vendredi 30 juillet 2010

Devant les policiers, Woerth rejette les accusations

Les enquêteurs ont interrogé Eric Woerth pendant près de huit heures au ministère du Travail sur les conditions d'embauche de sa femme dans la société Clymène et sur les soupçons de financement politique illégal.

L'interrogatoire du ministre du Travail aura duré près de huit heures. Entamée vers 9 heures jeudi, l'audition par la police d'Eric Woerth à son ministère, autorisée le 21 juillet par le Conseil des ministres, s'est achevée à 16h45, a-t-on indiqué dans l'entourage du ministre. Il était interrogé dans le cadre de l'enquête en cours portant sur les soupçons de fraude fiscale et de conflit d'intérêts. Une enquête ouverte après la divulgation des enregistrements clandestins réalisés entre mai 2009 et mai 2010 au domicile de la milliardaire.

«Eric Woerth tenait depuis longtemps à donner des explications pour mettre un terme à un certain nombre de rumeurs qui ne sont que des fantasmes», a affirmé son avocat, Me Jean-Yves Le Borgne, à l'issue de l'audition. «Il a expliqué qu'il n'avait jamais favorisé l'embauche de sa femme» (au sein de la société de gestion de la fortune de Liliane Bettencourt, ndlr), a poursuivi le conseil, ajoutant toutefois qu'Eric Woerth «a admis avoir évoqué avec M. de Maistre, au cours d'une conversation banale, la profession de son épouse, étant donné les formations à peu près semblables de l'un et de l'autre. Cela se passait à un moment où il n'était pas ministre». Patrice de Maistre a livré une tout autre version lors de sa garde à vue la semaine dernière. Il a au contraire affirmé avoir rencontré Florence Woerth à la demande de son époux pour la conseiller sur sa carrière.

«En ce qui concerne le financement politique, [Eric Woerth] a, avec une vigueur et une énergie particulière, nié avoir reçu un quelconque financement politique qui eut été non conforme à la loi», a souligné l'avocat du ministre. Avant de marteler : «Toutes autres allégations ne sont que des mensonges et des fantasmes».

Dans l'affaire Bettencourt, une autre enquête a en effet été ouverte pour soupçons de «financement illégal de parti politique ou de campagne électorale». L'ex-comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, accuse en effet Patrice de Maistre de lui avoir demandé de retirer 150.000 euros pendant la campagne présidentielle de 2007 pour les remettre à Eric Woerth. Ce dernier, comme Patrice de Maistre, ont réfuté ces informations.


Le PS et les Verts dénoncent «une mise en scène»

«Je pense que la justice dira, dans un avenir que j'espère le plus proche possible, que ses explications le mettent complètement en-dehors de la polémique que nous connaissons», a conclu Me Le Borgne, précisant qu'aucune perquisition n'a eu lieu dans les locaux du ministère.

Le PS et les Verts ont de leur côté dénoncé «une mise en scène» pour gagner du temps et un «spectable inimaginable», demandant de nouveau la désignation d'un juge d'instruction dans l'affaire Bettencourt. Le député Noël Mamère (Verts) a notamment évoqué sur LCI une «affaire d'Etat» concernant le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. «On est aussi dans une affaire Sarkozy», a-t-il ajouté.

«Personne ne sait ce qu'a dit Eric Woerth. Il est resté huit heures avec les policiers de la brigade financière. Je n'ai rien entendu qui permette de répondre à la question du conflit d'intérêt», a de son côté renchéri Marie-Pierre de la Gontrie, secrétaire nationale PS à la Justice. Avant d'estimer : «Continuer d'assumer des fonctions de ministre dans cette situation est assez particulier. Cela ne pose pas de problème ni à Nicolas Sarkozy, ni à François Fillon, ni à Eric Woerth».
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/29/01016-20100729ARTFIG00318-bettencourt-l-audition-d-eric-woerth-par-la-police-a-debute.php

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