samedi 17 juillet 2010

Le parquet de Nanterre garde la haute main sur l'affaire Bettencourt

Le parquet de Nanterre, qui a remis en liberté vendredi soir quatre proches de Liliane Bettencourt à l'issue de leur garde à vue, au cours de laquelle le nom d'Eric Woerth a été à nouveau cité, garde la haute main sur cette affaire sensible sans saisir de juge d'instruction.

Le photographe François-Marie Banier, le gestionnaire de la fortune de l'héritière de L'Oréal, Patrice de Maistre, l'avocat fiscaliste Me Fabrice Goguel et le gestionnaire de l'îlot d'Arros (Seychelles), Carlos Vejarano, ont été remis en liberté vendredi soir après 36 heures de garde à vue dans les locaux de la Brigade financière.

Ils étaient entendus par les policiers dans le cadre d'une enquête préliminaire sur le contenu des écoutes clandestines réalisées entre mai 2009 et mai 2010 chez Mme Bettencourt qui suggèrent notamment des opérations de fraude fiscale, ainsi qu'un possible conflit d'intérêt lié aux fonctions de Florence Woerth au sein du "family office" chargé de faire fructifier la fortune de Mme Bettencourt.

Le parquet de Nanterre, dirigé par Philippe Courroye et soumis à un lien hiérarchique avec la Chancellerie, a choisi à ce stade de ne pas déferrer les quatre hommes, comme il en avait la possibilité, en vue de l'ouverture d'une information judiciaire confiée à un juge d'instruction.

Plusieurs voix s'étaient élevées ces derniers jours pour réclamer que la conduite de l'enquête soit confiée à un juge d'instruction indépendant du pouvoir politique.

La mainmise du parquet sur ces enquêtes ne contribue pas en outre à apaiser le climat au palais de justice de Nanterre, dégradé par les tensions qui règnent entre le procureur Courroye et la juge Isabelle Prévost-Desprez, en charge d'un supplément d'information sur les soupçons d'abus de faiblesse.

Le parquet de Nanterre aurait ainsi refusé vendredi de fournir à la juge la retranscription des enregistrements pirates, selon Médiapart.

Réalisés au domicile de la milliardaire par son ancien majordome, ces enregistrements laissent supposer un possible conflit d'intérêt entre les fonctions de Mme Woerth et celles de son mari au ministère du Budget.

Au cours de sa garde à vue, M. de Maistre a reconnu qu'Eric Woerth lui avait "demandé de recevoir sa femme pour la conseiller sur sa carrière alors, me disait-il, qu'elle n'était pas entièrement satisfaite", selon un extrait de procès verbal d'audition publié samedi par Le Monde.

"Je constate que M. de Maistre était en 2007 à la recherche d'un candidat, qu'il avait même engagé un chasseur de têtes et que Mme Woerth, ancienne de HEC alors employée dans une grande banque, avait le profil", a réagi l'avocat de M. Woerth, Me Jean-Yves Le Borgne (bien Le Borgne). Selon lui, "cette embauche, qui est tout à fait normale, ne résulte pas d'une pression de la part de M. Woerth".

Dans les enregistrements clandestins, M. de Maistre expliquait cependant le 23 avril à Mme Bettencourt qu'il avait engagé Mme Woerth pour "faire plaisir" à M. Woerth. "J'avoue que quand je l'ai fait, son mari était ministre des Finances (du Budget, ndlr)", ajoutait-il.

Les policiers ont également demandé des explications aux quatre gardés à vue concernant un blanchiment présumé de fraude fiscale, via l'île d'Arros, non déclarée au fisc, et deux comptes en Suisse détenus par Mme Bettencourt.

Concernant ces comptes, l'avocat de M. de Maistre, Me Pascal Wilhelm a décrit sur Europe 1 son client comme un "homme qui arrive très tard" dans l'entourage de Mme Bettencourt et "prend connaissance de comptes gérés depuis des années par des professionnels à l'étranger".
http://www.lepoint.fr/societe/le-parquet-de-nanterre-garde-la-haute-main-sur-l-affaire-bettencourt-17-07-2010-1215855_23.php

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